[â tuSé yn sâ fèr buZé lotr] (loc. verb. ANATOM.)
La légende raconte que l’on doit l’expression à Jacques Chirac, personnage suranné s’il en est qui décrocha même le Trophée Suranné d’argent 2016 pour « La clope en conseil des ministres ». Il est donc probable qu’une datation nous promène dans les années soixante, soixante-dix voire quatre-vingt, quand le Don Juan de la République s’appliquait à la séduire pour mieux trousser jupons quand il s’assoupirait au pouvoir quelques années plus tard (mais ceci est une autre histoire).
Jacques Chirac donc, jeune et fringant loup d’une certaine idée de la France, aimait à envoyer valser une objection émise par un quelconque conseiller à de quelconques affaires en lui faisant savoir que ça lui en touchait une sans faire bouger l’autre. Une expression qui demande un temps d’adaptation à la première audition, j’en conviens aisément.
De toute évidence, en toucher une sans faire bouger l’autre fait appel à une notion duale sans pour autant nommer les parties dudit duo. Stone et Charden ? Bonnie and Clyde ? En toucher une sans faire bouger l’autre suppose deux féminines. Il nous faut donc aller gratter ailleurs. En vain… Car vous pouvez chercher dans tous les méandres de votre mémoire, amis surannés, dans toutes les encyclopédies du savoir des choses de la vie, las, il n’y a pas de duos féminins célèbres auxquels pourrait se référer en toucher une sans faire bouger l’autre. Oui, vérifiez…
Il faut donc nous résoudre à accepter la vérité : en toucher une sans faire bouger l’autre prend bien les parties à partie. Mais quoi de plus normal pour un chef de parti ?
En toucher une sans faire bouger l’autre marque bien l’indifférence ultime et l’absence absolue d’émotion que fera naître chez celui qui s’en prévaut une nouvelle qu’un autre aurait pour le moins bouleversé. Pour qui s’y connait en anatomie masculine le cocasse de la chose en serait même risible. Jamais sans ma jumelle est le slogan sous-entendu de ce duo sensible qu’un effleurement hérisse et qu’un choc annihile.
Élu en 1995 au poste qu’il convoitait depuis des dizaines d’années, le président Chirac laisse à la porte de l’Élysée en toucher une sans faire bouger l’autre, les ors suprêmes de la République s’accommodant assez peu d’un langage sans ambages. Devenu suranné il emporte avec lui et une mémoire qui semble désormais lui manquer cette manière que d’aucuns jugeaient cavalière mais qui avait plus d’élégance pour marquer son dédain qu’un moderne et vulgaire s’en battre les cou***es (sauf si c’est avec une pelle à tarte, mais nous y reviendrons).
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