Cabine téléphonique [kabin telefɔnik]

Fig. B. Smartphone is the new cabine téléphonique.

[kabin telefɔnik] (serv. publ. PTT)

À moins que tu ne sois un dangereux porte-parole de quelque groupuscule barbare en charge des revendications de tes méfaits (et dans ce cas tu n’as rien à faire ici) tu n’as pas dû utiliser de cabine téléphonique depuis une dizaine d’années (pour téléphoner entends-je, vos phantasmes ne me regardent pas bande de sacripants).

Bien entendu, tu as pu en avoir l’usage dans les années 70 ou 80 et dans ce cas tu es un(e) suranné(e). Ceci te concerne donc.

De son nom officiel publiphone¹, la cabine téléphonique est la scansion paysagère d’une France post-choc pétrolier encore fière de son progrès incarné par son service public des Postes, Télégraphes et Téléphones (ou encore PTT¹). Symbole d’une ère moderne accessible à tous depuis le plus petit village de l’hexagone ou le cœur d’une ville capitale, la cabine téléphonique comptait tout de même 300 000 représentantes dressant leur digne édicule d’un mètre carré à la fin des années 90 sur cette terre de nos campagnes dans laquelle on entend mugir ces féroces soldats¹. Eh oui ça en fait de la surface, un vrai patrimoine immobilier que la cabine téléphonique.

Son modèle le plus courant fut vraisemblablement conçu par un monstre de sadisme au cerveau torturé dont l’objectif était d’en rendre l’accès le plus complexe possible grâce à l’invention d’une porte au pli accordéon qui ne fonctionnait jamais correctement¹.

Que celui qui a réussi du premier coup à ouvrir l’une de ces portes m’en explique le fonctionnement !

Il fallait y entrer de biais, opérer une rotation à 180° des épaules, fermer la porte avec la main collée au corps, ré-opérer la rotation en sens inverse, trouver une pièce dans ses poches avec le coude bloqué par une tablette qui ne servait à rien d’autre qu’à y oublier son portefeuille, glisser la pièce dans la fente et composer le numéro voulu sur un cadran rotatif¹.

Pendant ce temps d’autres usagers du service public de téléphonie s’accumulaient à l’extérieur masquant plus ou moins bien leur impatience face à la durée jugée trop longue de la conversation en cours. Cette situation cocasse (aujourd’hui) pouvait aisément dégénérer et l’on a vu plus d’une querelle dite « de cabine téléphonique » se terminer en invectives et même bourre-pif¹. Qu’il est désormais loin ce temps suranné et viril.

Je signale à toutes fins utiles à mes lecteurs nés Y ou Z (les générations) que la cabine téléphonique ne permettait pas d’émettre ou recevoir le moindre SMS, les seuls smileys vivant à cette époque se collant sur les voitures ou faisant l’objet de transferts sur des T-shirts¹. Eh oui, LOL n’était l’acronyme de rien et PTDR ne signifiait aucune forme d’hilarité.

La cabine téléphonique va disparaître, happée en surannéité par la rentabilité qu’elle n’est plus en mesure d’assurer. Son mètre carré ne nous accueillera plus en cas d’averse, il va falloir penser à prendre un parapluie en sus d’un Smartphone.

¹Authentique.

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