[kamard] (n. fém. MOR.)
Est-ce pour conjurer le sort malheureux que le suranné inventa des mots pour ne pas La citer ? Croyant très certainement qu’en Lui refusant les lettres cela aiderait à l’envoyer faucher un peu plus loin. Le naïf désuet que voilà.Vous pouvez l’affubler de mille allégories Elle continuera son boulot, méthodique. Elle a le temps puisque pour Elle, il ne compte pas.
La camarde que la langue d’antan poétisait ainsi se moque des effets d’éloquence et n’a vraiment que faire d’une supplique pour être enterré à la plage de Sète aussi rimante et riche soit-elle, ou d’un Ave Maria soprané par la Callas, aussi vibrant soit-il. Rien ne l’émeut vous dis-je puisqu’elle n’est pas humaine ou animale.
Elle prend forme presque humaine bien entendu puisqu’elle se présente en squelette qui lui vaut par ailleurs ce doux nom de camarde qui veut dire sans nez, comme le crâne une fois bien nettoyé de toutes ses idées et des ses chairs, yeux, et menus morceaux putrescibles. Mais ne vous leurrez pas, la camarde, la faucheuse, la fossoyeuse ou quel que soit son nom n’a rien des qualités du plus vil d’entre nous.
La camarde est sans foi (puisque la foi est la croyance en ce qu’elle n’existe pas ou qu’elle a peu d’importance) ni loi (puisque la loi est honteusement humaine) et elle ne comprend rien à un de profundis qu’il soit de Bach¹, de Charles Baudelaire² ou d’Oscar Wilde. Elle n’a pas l’âme contemplative car elle a du boulot, Elle !
Vous pourrez expier tout ce que les bigots appellent vos pêchés, vous pourrez rédempter, psalmodier, aller à Canossa, la camarde vous y attendra et du geste auguste théorisé par le bon docteur Joseph Ignace Guillotin vous coupera toute envie.
Si la camarde a disparu ce n’est que du langage, travestissant sa forme surannée dans un moderne débat sur le dernier soupir et le droit de le pousser ou pas; comme si baiser la camarde n’était déjà pas assez ennuyeux, voilà qu’il va nous falloir une autorisation. Mourir est même devenu compliqué c’est vous dire l’époque…
🎼🎶La camarde, qui ne m’a jamais pardonné
D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez
Me poursuit d’un zèle imbécile.
Alors, cerné de près par les enterrements,
J’ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicile🎶🎶