[tɛ pa kap] (inj. exp. FAM.)
À l’époque surannée on n’osait pas tout.
Des fois on n’était pas cap, des fois on était cap. N’y voyez guère de lien avec une fameuse citation d’Audiard sur ceux qui osent tout (quoi que…), peut-être juste une crainte un peu plus forte du gendarme, qu’il soit maternel, professoral ou officiel.
Et ne venez pas me raconter que l’expression ne mérite pas sa surannéité, elle fut utilisée en public pour la dernière fois en 1986¹. Si ça n’est pas une preuve, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Mais peu importe, ce qui compte ce sont tous les caps franchis en bravant le pas cap.
Et en tant que vice-champion régional au critérium inter-disciplines des bêtises à ne pas faire, je possède un palmarès qui s’il se traduisait en médailles occuperait une part non négligeable de mon fier poitrail.
J’ai été cap de monter là-haut dans l’arbre; facile, mais n’oubliez pas qu’il fallait en descendre, après. J’ai été cap d’aller chercher le ballon dans le jardin du voisin malgré le clébard hargneux qui en voulait visiblement à mes mollets; le début de ma passion pour la course à pied. J’ai été cap de sonner chez la Mère Michel et de lui demander si elle avait retrouvé son chat; la pauvresse me le pardonne. J’ai été cap d’aller chez le buraliste acheter ce Lui² qui nous appris ainsi l’origine du monde (je rappelle à mes jeunes lecteurs qu’aux temps surannés il n’y avait pas d’Internet).
J’ai été cap de mettre des bourre-pifs et d’en prendre tout autant en retour, j’ai été cap de sauter de l’avion avec mon parachute, de nager avec les requins (des pas trop gros quand même), enfin plein de trucs comme ça hyper virils comme dans les films avec des héros en costume cintré taillé sur l’homme.
Tout ça pour faire le malin, alors que je ne suis même pas cap d’aller délivrer une blondinette retenue par un gorille³.