Catégorie : Arts

Donner le fion [dòné le fjô]

Fig. A. La Joconde : une belle histoire de fion.

[dòné le fjô] (loc. art. DÉT.)

Généralement complices, l’argot et la langue surannée peuvent en de rares occasions s’opposer et tirer chacun dans leur sens, au risque de s’abîmer l’un et l’autre et de laisser un boulevard à la novlangue start-upienne.

Être un ouvrage de peintre [ètr ûn- uvraZ de pêtr]

Un ouvrage de peintre

Fig. A. Ouvrage des premiers peintres.

[ètr ûn- uvraZ de pêtr] (loc. artist. PICTU.)

Des grottes dordognaises aux murs des palais en passant par les plafonds des chapelles consacrées, le peintre a fourbi ses doigts, ses pinceaux, ses couteaux, pour rendre compte avec tout son talent des rêves et vicissitudes des années surannées.

Être parti pour la gloire [ètre parti pur la ɡlwar]

Fig. A. Et un, et deux, et trois-zéro.

[ètre parti pur la ɡlwar] (loc. patri. MARSEIL.)

Une lecture rapide du chant national adopté lors de la séance de la Convention nationale du 26 messidor an III (14 juillet 1795), dit La Marseillaise, pourrait laisser penser que « Allons ! Enfants de la patrie ! Le jour de gloire est arrivé » signifie que ça y est, depuis le temps qu’on vous le promet, c’est parti mon Kiki, c’est parti pour la gloire.

Ripoliner la façade [ripòliné la fasad]

Fig. A. Picasso et Ripolin.

[ripòliné la fasad] (loc. verb. PEINT.)

En 1888 Carl Julius Ferdinand Riep, chimiste hollandais de son état, invente une peinture à l’huile de lin qui sèche rapidement. Son idée est bien évidemment de rendre la peinture à l’huile moins difficile, et d’obtenir un résultat bien plus beau que la peinture à l’eau¹.

L’ai-je bien descendu ? [lé-Z bjê désâdy ?]

Fig. A. Cécile Sorel et quelques pigeons.

[lé-Z bjê désâdy ?] (interro. ego. CASINO.)

S‘il est plus que probable que des pistoleros de l’armée mexicaine l’avaient prononcée avant Cécile Sorel (mais dans de toutes autres circonstances), c’est pourtant à la belle que la postérité a décidé d’attribuer l’expression questionnante désuète l’ai-je bien descendu.

Prendre un billet de parterre [pʁɑ̃dʁ œ̃ bijɛ də paʁtɛʁ]

Prendre un billet de parterre

Fig. A. Vidéo Gag.

[pʁɑ̃dʁ œ̃ bijɛ də paʁtɛʁ] (loc. artist. CHUT.)
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour… badaboum.

En pleine tirade le comédien vient de se prendre une gamelle, chutant de scène pour rejoindre la fosse où s’entasse debout le public populaire qui n’a pas les moyens de se payer une place assise.

Faire la danse des dindons [fɛʁ la dɑ̃s de dɛ̃dɔ̃]

Faire la danse des dindons

Fig. A. Tournez, c’est la fête, bras dessus-dessous, comme des girouettes, c’est super chouette, c’est extra-fou.

[fɛʁ la dɑ̃s de dɛ̃dɔ̃] (loc. anim. BAS. COU.)

C‘est chose rare dans le langage suranné généralement sympathique avec nos amis à poils ou à plumes, mais il nous faut le signaler : des animaux ont été soumis à une contrainte excessive pour faire surgir cette expression.

Yakety Sax [jakti saks]

Fig. A. Poursuite (à imaginer avec le taâââârlatatatatata du Yakety Sax).

[jakti saks] (n. pr. MUS.)

Gags potaches, tartes à la crème et filles en maillots de bain : c’est la recette d’un succès à la télévision d’alors (FR3, circa 1980).

Cependant, pour acquérir le tout petit supplément d’âme qui permettra d’entrer au panthéon des téléspectacles, il faut un truc, un tout petit rien, comme par exemple se poursuivre en file indienne au son du saxophone d’Homer Louis « Boots » Randolph III.

Être décontrasté [ètre dékôtrasté]

Garcimore

Fig. A. Garcimore faisant disparaître Tac dans une théière avec l’aide de Tac-Tac.

[ètre dékôtrasté] (Néol. MAGI.)

Rare néologisme datant des années surannées, être décontrasté s’est bâti sur l’œuvre fou-riante commune de José Garcia Moreno, dit Garcimore, et Denise Fabre, speakerine chargée de meubler les temps morts télévisuels pendant lesquels on s’agite en régie pour recoller la bande magnétique d’une cassette rebelle.