Catégorie : Classé X

Couille dans le potage (y avoir) [kuj dâ le pòtaZ]

Couille dans le potage

Fig. A. Potage. Heinz museum.

[kuj dâ le pòtaZ] (expr. probl. CUIS.)

L‘incongruité de l’exposé comme marque quantifiable du problème posé : c’est en résumé la construction de l’expression surannée. En tout cas ce sera celui de la désuète qui nous attend ci-dessous. Mais nous avons le temps, elle est au chaud et ne s’en ira point.

Branleuse de gendarme [brâlöz de Zâdarm]

Branleuse de gendarme

Fig. 1. « La branleuse de gendarme ». Edgar Degas.

[brâlöz de Zâdarm] (arg. X)

X. Ah sacrés sacripants, j’ai vu votre moue libidineuse en lisant le titre de cette chronique et son énorme X qui annonce la couleur. Je vous ai bien eus parce qu’il ne sera pas une seconde question de descendre en dessous de la ceinture. Les excités vous pouvez sortir.

Pour commencer nous allons causer métallurgie, ça va vous calmer un peu.

Zigounette [ziɡunèt]

zigounette

Fig. Z. David, colosse à zigounette. 1501-1504.

[ziɡunèt] (n. fém. MASC.)
J‘avais un instant envisagé d’interdire cette chronique aux moins de 18 ans mais elle ne traite finalement que de bien peu. Toi mon jeune lecteur mineur, tu peux donc rester.

Après tout, tu en connais tellement sur l’origine du monde¹ depuis que les Internets te sont ouverts que ce n’est pas une zigounette qui pourra t’offusquer. Sus à la censure si j’ose dire.

Tremper son biscuit [trâpé sô biskÿi]

Tremper son biscuit

Fig. A. Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.

[trâpé sô biskÿi] (gr. verb. NIQ.)
Je n’aime pas beaucoup ce suranné que voilà mais je voulais vous en parler. Je l’ai toujours trouvé un peu vulgaire et je vous ai déjà assez bassiné avec cette sombre face à la Nadine de Rothschild dont je ne peux me défaire malgré des années de trempage de croissant dans le café (je sais que c’est strictement interdit en public mais que voulez-vous il me faut bien quelques défauts), de coudes posés sur la table et de « va te faire empapaouter » lancés dans la circulation et ses affreux affres embouteillés.

Demain j’enlève le haut [dəmɛ̃ ʒɑ̃lɛv lə o]

Fig. A. Premier croquis de l’affiche « Demain j’enlève le haut ». Musée Jacques Séguéla.

[dəmɛ̃ ʒɑ̃lɛv lə o] (expr. pop. PUB.)

Demain j’enlève le haut vous fait sourire ? Parce que vous y trouvez une référence « culturelle » ? Parce que surtout vous l’utilisez telle une maxime pour argumenter certaines de vos promesses ? C’est bon, vous êtes suranné(e). 

Bagatelle(s) [baɡatɛl]

[baɡatɛl] (n. f. OLÉ)

Rarement, singulier ou pluriel n’auront changé autant le sens. Rarement la présence elle même surannée d’un « s »¹ pour signifier la multitude n’aura été autant lourde de sous-entendus.

En commun, bagatelle(s) ont neuf lettres tout autant surannées que légères.

Oui, je trouve que le doublement du « l » confie de la légèreté, qu’y puis-je ? Mais pour ce qui est du contenu, on se prépare au grand écart : le singulier pour la frivolité, le pluriel pour les peccadilles. À moins que ce ne soit l’inverse, je ne sais plus. C’est à coup sûr ce doute qui l’a (les a) conduite(s) en surannéité cette (ces) bagatelle(s).

Qui plus est bagatelle(s) est difficile à distiller en une conversation, sauf à trouver l’enchaînement avec une voyelle pour souligner immédiatement la présence du fameux « s » et éluder à l’instant toute velléité d’ambiguïté. Imaginez un instant que vous proposiez au cocktail de l’année de partager quelque menue bagatelle à la propriétaire de cette robe fourreau moulante et fascinante…

Bagatelle et bagatelles se sont donc fait la malle du conversationnel. Et l’écrit est d’essence surannée. Moult romans galants ont accueilli le singulier est c’est un doux moment que de s’y replonger de temps à autre. Lisez mes amis, lisez, c’est bon pour l’esprit. Et n’oubliez pas non plus de céder à bagatelle et bagatelles, c’est bon pour les artères.

¹Ben oui quoi, si on se met aussi à respecter l’orthographe on finira par accorder les participes passés !

Gourgandine [ɡuʁɡɑ̃din]

Fig. A. De la sensualité. Musée de l'érotisme.

Fig. A. De la sensualité. Musée de l’érotisme.

[ɡuʁɡɑ̃din] (n. fém. COQUI.)

Gourgandine est un univers mielleux et libidineux à souhait à lui seul.

Ce mot délicieux porte en trois syllabes bien léchées un parfum d’alcôve et d’encens, un je-ne-sais-quoi de rideaux théâtraux et de soie sensuelle. La gourgandine ne se croise plus de jours, ou dans quelque recoin au secret bien gardé.

Elle est rare et précieuse, tout comme son expression qu’on ne trouve plus guère que dans les commentaires éclairés d’esthètes amateurs du XVIIᵉ siècle ou de lecteurs assidus d’Honoré de Balzac, mais l’époque est à Marc Lévy pas à Balzac. Non vraiment, gourgandine n’est plus d’époque. C’est bien dommage.