Catégorie : Élégances

Avoir le peigne dans le maillot de bain [avwar le pèN dâ le majo de bê]

Fig. A. Maître-nageur pas très cool, sans peigne dans le maillot de bain.

[avwar le pèN dâ le majo de bê] (loc. aqua. COOL.)

Parmi les attitudes relax qui posent leur homme des années surannées, il en est une qui s’exerce plus particulièrement en zone et tenue de baignade.

À la plage comme à la piscine, on admirera la formidable voire insolente aisance du rodomont de service en précisant, admiratif, qu’il a le peigne dans le maillot de bain.

La cagoule [la kaɡul]

Fig. A. Soldats de l’armée russe béats devant les cagoules anglaises.

[la kaɡul] (n. comm. BONNET.)

On est évidemment en droit de se demander ce qui a bien pu passer par la tête des responsables de la mode vestimentaire des années surannées.

À double titre l’on s’interrogera au cours de la présente étude sur leur rapport à l’humanité que l’on pourrait trouver cruel.

En baver des ronds de chapeau [â bavé dé rô de Sapo]

En baver des ronds de chapeau est une expression destinée à marquer la rudesse d'une besogne

Fig. S. Chapeaux en tous genres.

[â bavé dé rô de Sapo] (loc. verb. CHAP.)

Si les temps modernes sont parfois difficiles, ceux des années surannées le furent aussi (n’allez pas croire que tout n’y était que paix et sérénité). Pour bien en donner la mesure les inventeurs du langage firent comme à l’accoutumée, dans l’imagé et l’accessible.

Rentrer avec la canne sous le bras [râtré avèk la kan su le bra]

Fig. C. La canne, symbole des puissants.

[râtré avèk la kan su le bra] (loc. verb. SÉDUC.)

De prestige ou d’orthèse, la canne est un accessoire caractéristique remontant aux plus surannées des années puisque Toutânkhamon lui-même en fut grand utilisateur, la collection retrouvée à ses côtés en témoigne.

Manger avec la fourchette du père Adam [mâZé avèk la furSèt dy pèr adâ]

Manger avec la fourchette du père Adam

Fig. A. Adam et Eve déjeunant devant l’arbre, Albrecht Durer, 1504.

[mâZé avèk la furSèt dy pèr adâ] (loc. verb. SAV. VIV.)

En résumé, dans le jardin d’Éden il était convenable de se promener à poil, habituel de discuter avec les animaux et tout à fait correct de manger avec les doigts.

Les menus dérèglements qui suivirent un malheureux conflit de voisinage et une histoire de pomme qu’il ne fallait pas cueillir parce qu’elle appartenait à un grincheux voisin contraignirent l’humain à l’invention du caleçon, de la chasse et de la fourchette.

S’habiller au décrochez-moi ça [sabijé o dékròSé-mwa sa]

Fig. A. Chaussures non lacées et ourlet inexistant pour un habillage au décrochez-moi ça réussi.

[sabijé o dékròSé-mwa sa] (loc. verb. MODE.)

Si la mercatique moderne et ses voies subtiles impénétrables au commun des mortels consommateurs permettent désormais l’achat au prix fort de Jeans déchirés comme après une gamelle en vélo ou de pulls si étrangement tricotés qu’on pourrait imaginer la machine à tricoter SINGER type 2200 double fonture encore en service, il nous faut rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi et que la langue a parfois tenu à mettre une certaine distance avec le négligé vestimentaire.

Menteur comme un soutien-gorge [mâtër kòm ê sutjêɡòrZ]

Menteur comme un soutien-gorge

Fig. A. Le corset, ancêtre du soutien-gorge menteur.

[mâtër kòm ê sutjêɡòrZ] (loc. nom. ROBER.)

Pauvre petit homme de bois fabriqué pour condenser toutes les affres du mensonge, pauvre Pinocchio dont la longueur du nez indexa trop longtemps la tromperie (une charge un petit peu allégée grâce au partage avec l’arracheur de dents, fieffé menteur lui aussi).

Pet-en-l’air [peãlèr]

Pet-en-l'air

Fig. P. Crepitus, dieu des flatulences de la Rome antique.

[peãlèr] (n. com. VEST.)

Prag-ma-tique. Et poétique !

La langue surannée possède ces deux cordes à son arc. Pragmatique car de ses mots tenus en trait d’union accumulant adverbe, préposition, pronom et pourquoi pas nom commun ou nom propre, surgit une compréhension immédiate et limpide.

Être dans ses petits souliers [ètre dâ sé peti suljé]

Être dans ses petits souliers

Fig. A. Cendrillon dans ses petits souliers de vair. Illustr. Gustave Doré.

[ètre dâ sé peti suljé] (loc. verb. CENDR.)

Rigidité de la semelle et découverte de la cheville caractérisent le soulier chaussant le pied.

Se trouvant crottés, vernis ou de vair (cette fourrure d’écureuil gris qui permit à Cendrillon de se faire remarquer par le Prince¹, vous connaissez la suite…), les souliers doivent comme toute basket, tong ou escarpin, respecter la pointure du chaussé, exprimée en point de Paris².

Au Chic Parisien [o Sik parizjê]

Fig. A. Parisiennes atrabilaires.

[o Sik parizjê] (n. com. MOD.)

Le système jacobin s’appliquant naturellement à tous les pans fondamentaux de l’organisation de ce pays d’en France, il est bien évident que l’habit devait lui aussi s’en parer. Pourquoi la mode échapperait-elle au centralisme démocratique ?