Catégorie : Élégances
Prendre un drink [pʁɑ̃dʁ ɛ̃ dʁiŋk]
[pʁɑ̃dʁ ɛ̃ dʁiŋk] (exp. SÉDUC.)
Au temps du suranné la langue de Shakespeare est encore peu maîtrisée par le commun des mortels, tout simplement parce qu’elle est peu enseignée (et aussi parce que le commun des mortels a du mal avec la perfide Albion depuis quelques siècles mais je m’égare). Elle est l’apanage des chanteurs, des hôtesses de l’air et des hommes d’affaires. C’est vous dire qu’elle est classe. En glisser un mot dans une phrase relève donc de la plus chic des attitudes, de celle qui fait le gentleman, le séducteur.Bristol [bʁistɔl]
[bʁistɔl] (n. com. PAP.)
Je ne veux pas vous entretenir de l’hôtel et de ses cinq étoiles dont je ne goûte pas avec ébahissement la décoration clinquante et si peu surannée destinée à fournir à ses clients du Golfe, des Etats-Unis ou d’ailleurs une image bien étrange d’un luxe en stuc à la française.La dorure outrancière ça se mérite et savoir en mettre trop demeure une affaire de bon goût, tout le monde n’est pas Charles Le Brun. Mais on s’en fout vous dis-je, le bristol dont je veux vous convaincre qu’il est fortement suranné est celui de papier.
Pento [pɑ̃to]
[pɑ̃to] (marq. dep. CAPILL.)
En ces temps surannés que je vous conte ici, nous ne le valions pas encore bien comme nous le susurrerait bien des années plus tard une multinationale du soin capillaire et de la crème qui rend plus jeune.
Tricot de peau [tʁiko də po]
[tʁiko də po] (n. com. BONET.)
La question d’entrée en surannéité du tricot de peau s’est récemment posée au Haut Conseil. Elle a fait l’objet de débats enflammés.
Eau de Cologne [o də kolɔɲ]
[o də kolɔɲ] (n. com. PARF.)
Les parfums sont pour nombre d’entre eux surannés.
Attention, je vous parle des classiques, des véritables parfums, pas des trucs à la mode pour puceau boutonneux qui cachera sa pestilentielle adolescence derrière une fragrance facile marketée au packaging clinquant et à la pub délurée, non surtout pas ça palsembleu !
La tournée des grands-ducs [la tuʁne de ɡʁɑ̃dsdyk]
[la tuʁne de ɡʁɑ̃dsdyk] (exp. fest. NOBL.)
Faisant généralement l’objet d’une annonce à qui veut bien l’entendre dans le canton, la tournée des grands-ducs est un de ces instants festifs dont on reparlera dans l’année qui suivra, tout en sous-entendu bien entendu.
Galurin [ɡalyʁɛ̃]
[ɡalyʁɛ̃] (n. m. POP.)
Tout en ce galurin est suranné. Son nom d’abord, son port ensuite.
Attaquons-nous au nom : le dernier à l’avoir prononcé (qui plus est sous sa forme abrégée de galu) est ce brave Alexandre-Benoît Bérurier¹, le recherchant après quelque bagarre ou partie de jambes-en-l’air, c’est en tout cas vous dire si ça date. Depuis, nul être aux esgourdes ouvertes n’a décemment pu entendre prononcer ce terme. Attention, ne vous laissez pas abuser par la proximité sonore facile d’un gai-luron, d’un gros surin ou d’un gras lapin (ok, ok, là je suis limite²). Non vraiment, galurin n’est plus en verve depuis fort loin.
Se faire remonter les bretelles [se fèr remôté lé bretèl]
[se fèr remôté lé bretèl] (exp. fig. FAM.)
D‘entrée de jeu, les bretelles donnent le ton : ce sera suranné. Eh bien oui, qui aujourd’hui en porte sinon quelques dandys ? Et cessez de me la jouer trader de Wall Street sur l’heure, ça ne m’impressionne guère, j’ai pratiqué les mœurs locales. Les bretelles, les vraies, celles qui s’accrochent avec des boutons, sont surannées. Alors se les faire remonter, quel festival !
Slip kangourou [slip kɑ̃ɡuʁu]
[slip kɑ̃ɡuʁu] (n.m. BONN.)
Quelle bizarrerie créative aura un jour germée dans les limbes grisâtres d’un spécialiste de la bonneterie masculine pour ouvrir à tous vents un déjà bien mince tissu en charge de protéger l’origine (masculine) du monde ?
Bah mon ami, on était en France au début du siècle précédent, en ce pays et cette époque fournisseurs officiels de tellement de suranné, alors…