Catégorie : Faits divers

Gratter le mince [gʁate lø mɛ̃s]

Fig A. Gratte-papier grattant le mince.

[gʁate lø mɛ̃s] (exp. script. CULT.)

Il en est (tristement) ainsi de l’histoire de l’humanité : c’est en se foutant sur la tronche lors de batailles sanglantes que la connaissance progresse. De là à penser que l’ouverture d’esprit est proportionnelle à celle du crâne de l’ennemi il n’y a qu’un pas que la pédagogie se refuse cependant à franchir, préférant s’en tenir à des préceptes plus charitables comme la grammaire, la dialectique ou la rhétorique. Ceci est cependant une autre histoire.

Glisser dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard [glise dəsy kɔm ɛl o syʁ le plym de œ̃ kanaʁ]

Fig. A. Canard à plumes.

[glise dəsy kɔm ɛl o syʁ le plym de œ̃ kanaʁ] (loc. anim. INDIFF.)

Quand peu chaut à l’homme des temps surannés – égaré qu’il soit en modernité ou les deux pieds bien ancrés dans l’époque, peu importe – il lâchera une tirade que le moins spécialiste des anatidés saura interpréter : « ça me glisse dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard ».

Aller se jeter aux Goudes [alèr se Zeté o gud]

Fig. A. Quelques adeptes des bains de mer aux Goudes.

[alèr se Zeté o gud] (Prov. MARS.)

S‘il vous prenait, dans un accès de dépit mal réprimé, d’intimer à un contradicteur par trop contredisant d’aller se jeter aux Goudes, il serait préférable d’adopter l’accent chantant nécessaire au bon usage de l’expression. De celui qui fait dans le placement original de l’accent tonique et vous rappelle ce faisant qu’il est du Sud, qu’il aime le verbe quand il est haut et le Ricmuche pas trop noyé. Surtout pas de pointu.

Payer au cul du camion [peje o ky dy kamjɔ̃]

Payer au cul du camion

Fig. A. Un camion avant le paiement.

[peje o ky dy kamjɔ̃] (loc. usur. TX BANC.)

Même si l’idée du camion qui germe dans l’esprit fécond de Nicolas Joseph Cugnot en 1769 peut être vue comme initiale, le bougre aura malheureusement le mot qui flanche en dénommant son chariot à transporter les charges lourdes un « fardier » (certainement parce qu’il permettait de se fader des fardeaux) et ne peut dès lors être crédité de l’invention de l’expression payer au cul du camion.

Mettre un brocco [mɛtʁ œ̃ brocco]

Fig. A. Les Apaches.

[mɛtʁ œ̃ brocco] (loc. largo. BAST.)

L‘escarpe des fortifs’, le rôdeur de barrière, qu’il soit des Gars de Charonne ou de la bande des Quatre Chemins ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de faire valoir son point de vue. L’Apache en désaccord n’hésite pas en effet à mettre un brocco, histoire d’argumenter. La Belle Époque c’est aussi du bourre-pif, de la taloche, de la nasarde, pas que de la java ou de la valse chaloupée.

Avoir sucé la tour Eiffel pour la rendre pointue [avwaʁ syse la tuʁ‿ ɛfɛl pur la râdre pwêty]

Fig. A. La tour Eiffel avant de devenir pointue.

[avwaʁ syse la tuʁ‿ ɛfɛl pur la râdre pwêty] (exp. ingén. VANT.)

Toi t’as sucé la tour Eiffel pour la rendre pointue » n’a rien à voir avec « toi t’as pas sucé la tour Eiffel pour la rendre pointue ». Rien. Qu’on se le dise. La deuxième expression n’est pas la négation de la première; la langue surannée sait brouiller les pistes de la compréhension du quidam mal équipé côté verbe. Il faut des lettres pour dégoiser peinard.

Rentrer à l’heure des brousses [râtré a lër dé bʁus]

Fig. A. Fêtard rentrant à l’heure des brousses.

[râtré a lër dé bʁus] (loc. mérid. NOCT.)

Dans un pays où, selon la bonne formule attribuée au Général¹, « il existe plus de fromages que de jours de l’année », il aurait été curieux qu’aucun de ces nourrissements laitiers n’alimente aussi la langue en sus du palais.

Marcher comme les affaires de la ville [marSé kòm léz‿ afèr de la vil]

 

Fig. A. Une ville.

[marSé kòm léz‿ afèr de la vil] (lit. iron. DÉCONN.)

Quand c’est poussif, que ça hoquète du moteur ou que ça tousse dans l’action, quand ça déconne bicause magouille, quand ça s’égare dans le zig et un peu dans le zag, le langage de mamie fait dans la comparaison citadine en prétendant que ça marche comme les affaires de la ville.