Catégorie : Faits divers

Aller faire téter les puces [alé fèr tété lé pyk]

Fig. A. Femme qui lit au lit.

[alé fèr tété lé pyk] (loc. siphon. DORM.)

C‘est bien souvent la volonté de rendre le langage accessible au commun des mortels qui guide la création d’une expression surannée. Au risque d’une certaine simplification qui heurtera le spécialiste à cheval sur ses principes raisonnés.

Il n’y avait pas que des héros masculins dans les années surannées. Voici le classement officiel des héroïnes surannées qui auront une indéniable influence sur les petites filles et les petits garçons de ces temps désuets.

De bande dessinée, de dessin animé, de série télévisée ou de quelque champ d’honneur qui soit, le héros des années surannées va peser sur le comportement et le destin de celui qui n’est alors qu’un enfant l’admirant sur les posters de sa chambre. En voici le classement officiel.

Avoir les cannes en Louis XV [avwar lé kan â lwi kêz]

Fig. A. Fauteuil Louis XV.

[avwar lé kan â lwi kêz] (loc. roy. TARABISC.)
Louis XV a produit deux expressions majeures pour la langue française, l’une perdurant toujours – la fameuse « après moi le déluge » que certains attribuent parfois à la Pompadour – et la surannée avoir les cannes en Louis XV qui se créera à son corps défendant après son règne.

Y avoir du pied dans la chaussette [i avwar dy pjé dâ la Sosèt]

Fig. A. Homme satisfait d’avoir trouvé un truc.

[i avwar dy pjé dâ la Sosèt] (loc. satisf. EXCLAM.)
Depuis la première découverte – que celle-ci fut une baie bien mûre goûtue à souhait, une étincelle issue du frottement de deux silex ou la roue – l’Homme a voulu partager la satisfaction ainsi générée, à l’aide de nombreuses formes exclamatives.

Être bon à vendre vache foireuse [ètre bôn- a vâdre vaS fwaröz]

Fig. A. Vente de vaches foireuses.

[ètre bôn- a vâdre vaS fwaröz] (loc. foir. SÉR.)

Temps fort de la vie commerciale de tout canton depuis 1219 et sa première à Beaucroissant (Isère), la foire aux bestiaux n’est pas un sujet de rigolade contrairement à l’image qu’en possède le moderne qui n’aime rien plus qu’y déambuler pour y tâter le cul des vaches et glaner quelques précieuses voix pour les futures élections (si l’ambition de représenter le peuple le porte, évidemment).

Le carrefour des écrasés [le karfur déz- ékrazé]

Fig. A. Piéton et voiture au carrefour.

[le karfur déz- ékrazé] (loc. plan. ODON.)

C‘est vers la fin du Suranné, quand l’impérieuse nécessité de rendre un hommage appuyé à de nombreux héros qui avaient sacrifié leur vie pour la liberté se traduisit dans l’urbanisme, que de nombreuses grand’ rues, rues d’en haut, rues d’en bas, voies du lavoir et autres chemins du moulin, se transformèrent en avenues des généraux Leclerc ou de-Gaulle, en rues Jean-Moulin pour ne citer qu’elles.

Rouler sur les graviers [rulé syr lé ɡravjé]

Fig. A. Rouler sur les graviers pour les concasser.

[rulé syr lé ɡravjé] (loc. sécurit. rout. APÉRO.)

Quiconque s’est un jour aventuré sur une route de gravillons sait qu’elle sera instable voire dangereuse pour l’automobiliste.

Et les années surannées qui n’ont pas encore eu le temps de voir les services territoriaux des Ponts et Chaussées s’occuper de leurs voies regorgent par milliers de ces kilomètres risqués.

Donner de la confiture aux cochons [dòné de la kôfityr o kòSô]

Fig. A. Enfants surannés goûtant la confiture sucrée. Collec. perso.

[dòné de la kôfityr o kòSô] (loc. dépréc. GRUÏK.)

Parce que la dignité était une préoccupation quotidienne de nos lointains ancêtres qui vivaient aux temps surannés, nul ne pouvait en ricaner insolemment (alors qu’il est incontestable qu’il s’agit d’une valeur en crise au début de ce millénaire moderniste, il n’est que de voir l’un des hommes supposé le plus puissant du monde peigné comme un dessous de bras pour s’en convaincre).

Avoir fait l’exode sur un wagon-citerne [avwar fè lèɡzòd syr ûn- waɡònsitèrn]

L’exode en 1940

Fig. A. L’exode. 1940.

[avwar fè lèɡzòd syr ûn- waɡònsitèrn] (loc. médic. GEN. VAR.)

Il est fort peu probable que l’exode dont il est question en l’expression qui fait l’objet de cette définition soit celui des Hébreux conduits dans le désert par Moïse comme il est conté dans le deuxième livre de la Bible, le wagon-citerne qui l’accompagne datant officiellement du 23 juillet 1859, date à laquelle l’ingénieux Louis-Xavier Gargan¹ en dépose le brevet.