Catégorie : Faits divers

Beurrer des tartines [bëré dé tartin]

Fig. A. « Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage vous êtes le phénix des hôtes de ce salon ».

[bëré dé tartin] (loc. verb. MAT. GRAS.)

Le beurre et le pain sous différentes formes sont fournisseurs de moult expressions du langage suranné, à tel point que leurs usages croisés peuvent induire en erreur même les plus chevronnés des parleurs.

Faire un arrêt-buffet [fèr ûn- arébyfè]

Faire un arrêt-buffet

Fig. A. Le buffet de la gare.

[fèr ûn- arébyfè] (loc. verb. PLM)

Paris-Lyon 8h50.

Paris-Toulouse 14h10.

Paris-Quimper 16h10.

23h30 pour faire un Paris-Nice… en ces années surannées qui terminaient le XIXᵉ siècle, les communications rapides par voie ferrée laissaient le temps de voir le paysage et celui d’avoir faim.

Le petit Jésus en culotte de velours [le peti Zézy â kylòt de velur]

Fig. A. Paolo Veronese. Les Noces de Cana ou l’art de transformer de l’eau en petit Jésus en culotte de velours.

[le peti Zézy â kylòt de velur] (loc. vitic. ALLELU.)

Caractérisant a priori l’enseignement scolaire et universitaire de la philosophie, le port d’un pantalon de velours s’est aussi glissé dans le langage suranné pour souligner la souplesse d’un Bourgogne, la charpente d’un Bordeaux ou la finesse d’un Champagne.

La boîte à Perrette [la bwat a pérèt]

Fig. A. Imp. Fourquemin (Paris), 1843.

[la bwat a pérèt] (n. comp. AFFA.)

Bien que la rectification orthographique de la fin du XXᵉ siècle ait ôté son accent circonflexe à la boîte, celle dont nous étudions les arcanes en ces lignes datant de 1695 il est de rigueur de le laisser chapeauter son « î », c’est ainsi.

N’avoir jamais vu péter le loup sur la pierre de bois [navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa]

Fig. A. Loup péteur.

[navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa] (loc. naïv. CANIS.)

Craint qu’il est – puisque supposément dévoreur d’enfants, de princesses et de toute chair fraîche portant jupons – le loup tient une place particulière dans le langage des années de son règne. Quand son nom fait irruption dans une expression on est dans le sérieux voire le pesant.

Y aller franco de port [i alé frâko de pòr]

Fig. A. Un docker, un marin et une putain dans le port d’Amsterdam.

[i alé frâko de pòr] (exp. ciale. GRATU.)
Les temps surannés ne sont pas ceux du jardin d’Eden, cotonneux et doux à loisir. Les temps surannés connaissent eux aussi la dureté des us, la violence des coutumes parfois; simplement le font-ils savoir en des termes un tant soit peu travaillés.

À se cogner le derrière au lustre [a se kòNé le dèrjèr o lystr]

Fig. A. Phobiques administratifs tentant de se cogner le derrière au lustre.

[a se kòNé le dèrjèr o lystr] (néo. laca. PSY.)

Jacques Lacan, qui s’est longuement penché sur la métaphore et la métonymie au point de ne pas passer pour le dernier des cons quand il s’agissait de décortiquer le langage pour y trouver l’inconscient, fut aussi créateur d’expressions surannées.

Aller voir Bernard [alé vwar bèrnar]

Fig. A. Saint-bernard cherchant des Parisiens perdus.

[alé vwar bèrnar] (loc. perso. WC.)
Avant d’être un gros chien-chien à son pépère trimbalant un tonnelet de schnaps et venant en aide aux touristes parisiens perdus dans la montagne, Saint Bernard était Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, petit bonhomme chétif au charisme affuté par ses qualités littéraires¹.

Refouler à Bondy [refulé a bôdi]

Fig. A. Client mécontent refoulant à Bondy un commerçant fripon.

[refulé a bôdi] (loc. loc. 93.)

Face à l’adversité véhémente (celle des débats politique ou celle, plus importante, des rivalités de clochers distants de quelques kilomètres) le langage suranné formule deux propositions : laisser pisser le mérinos ou envoyer promener.