Catégorie : Faits divers

N’avoir jamais vu péter le loup sur la pierre de bois [navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa]

Fig. A. Loup péteur.

[navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa] (loc. naïv. CANIS.)

Craint qu’il est – puisque supposément dévoreur d’enfants, de princesses et de toute chair fraîche portant jupons – le loup tient une place particulière dans le langage des années de son règne. Quand son nom fait irruption dans une expression on est dans le sérieux voire le pesant.

Y aller franco de port [i alé frâko de pòr]

Fig. A. Un docker, un marin et une putain dans le port d’Amsterdam.

[i alé frâko de pòr] (exp. ciale. GRATU.)
Les temps surannés ne sont pas ceux du jardin d’Eden, cotonneux et doux à loisir. Les temps surannés connaissent eux aussi la dureté des us, la violence des coutumes parfois; simplement le font-ils savoir en des termes un tant soit peu travaillés.

À se cogner le derrière au lustre [a se kòNé le dèrjèr o lystr]

Fig. A. Phobiques administratifs tentant de se cogner le derrière au lustre.

[a se kòNé le dèrjèr o lystr] (néo. laca. PSY.)

Jacques Lacan, qui s’est longuement penché sur la métaphore et la métonymie au point de ne pas passer pour le dernier des cons quand il s’agissait de décortiquer le langage pour y trouver l’inconscient, fut aussi créateur d’expressions surannées.

Aller voir Bernard [alé vwar bèrnar]

Fig. A. Saint-bernard cherchant des Parisiens perdus.

[alé vwar bèrnar] (loc. perso. WC.)
Avant d’être un gros chien-chien à son pépère trimbalant un tonnelet de schnaps et venant en aide aux touristes parisiens perdus dans la montagne, Saint Bernard était Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, petit bonhomme chétif au charisme affuté par ses qualités littéraires¹.

Refouler à Bondy [refulé a bôdi]

Fig. A. Client mécontent refoulant à Bondy un commerçant fripon.

[refulé a bôdi] (loc. loc. 93.)

Face à l’adversité véhémente (celle des débats politique ou celle, plus importante, des rivalités de clochers distants de quelques kilomètres) le langage suranné formule deux propositions : laisser pisser le mérinos ou envoyer promener.

Être un jaune [ètr û Zon]

Fig. A. Jaune brandissant son étendard.

[ètr û Zon] (gr. verb. COUL.)

Bien avant qu’elles ne soient la couleur du Ricmuche et deviennent vénérées comme il se doit en chaque Balto de France, les couleurs à longueur d’onde dominante entre 573 et 584 nanomètres s’étalaient sur les parois des logements préhistoriques de bon goût.

Cependant, le langage inexistant alors ne pouvait les qualifier de jaune.

Se ramoner le corgnolon [se ramòné le kòrNòlô]

Fig. A. Ramoneur savoyard étanchant sa soif.

[se ramòné le kòrNòlô] (loc. lyon. ALCOO.)

Apparu peu après l’invention de la cheminée, elle-même consécutive à la découverte du feu (ce qui ne nous rajeunit pas), le petit ramoneur est devenu un personnage incontournable de nos villes dès le XVIIIᵉ siècle.

Se peler l’oignon [se pelé lòNô]

Fig. A. Oignon non épluché.

[se pelé lòNô] (loc. fraîch. TEMP.)

La rigueur et l’orthodoxie voudraient évidemment que se peler l’oignon exprime le fait de se dévêtir de son pantalon (ou de sa jupe) et des dessous siégeant précisément en dessous du vêtement susnommé.