Catégorie : Faits divers

Faire d’une rose un artichaut [fɛʁ dyn ʁoz œ̃n- aʁtiʃo]

Faire d'une rose un artichaut

Fig. A. Charles II d’Espagne.

[fɛʁ dyn ʁoz œ̃n- aʁtiʃo] (loc. hortic. ART.)
Après s’être heurtés pendant des siècles à la mesure du beau et du laid dans l’art et à la difficulté de réfuter les élucubrations enthousiastes d’un barbouilleur anonyme ou d’un maître auréolé de sa réputation, les hommes au bon sens suranné ont choisi le domaine horticole pour établir une échelle du loupé.

Passer par l’alambic [pase paʁ lalɑ̃bik]

Passer par l'alambic

Fig. A. La distillation de l’eau-de-vie.

[pase paʁ lalɑ̃bik] (loc. alcoo. EAU-DE-V.)

Le bouilleur de cru, éminent personnage des années surannées, a eu deux heures de gloire.

La première fut celle de dégustation de sa production toujours virile, parfois goûtue, souvent curieuse et demandant à être renouvelée pour se faire une idée.

Aller cueillir la noisette [ale kœjiʁ la nwazɛt]

Fig. A. Mignonne.

[ale kœjiʁ la nwazɛt] (loc. horti. AVEL.)

Bien qu’un célèbre et enjôleur poème floriculteur – qui en fit trembler plus d’un debout sur l’estrade devant la classe entière tandis qu’il en ânonnait les vers – propose depuis 1545 à une mignonne d’aller voir si la rose qui ce matin avoit desclose sa robe de pourpre au soleil a point perdu ceste vesprée¹, la langue surannée s’est sentie obligée de lui donner un synonyme tout autant horticole mais un peu moins complexe (la fameuse vesprée) pour faire part de la recherche d’un endroit tranquille propice aux ébats amoureux.

Aller à la riflette [ale a la ʁiflɛt]

Aller à la riflette

Fig. A. Riflette au Chemin des Dames.

[ale a la ʁiflɛt] (loc. guerr. FRON.)

Il est possible que dans un élan primesautier destiné à minimiser le fait d’aller mourir pour des idées (et le plus souvent celles des autres qu’on n’aura d’ailleurs pas totalement comprises – même si ceci est une autre histoire), le langage suranné ait créé cette expression pour signifier qu’il va falloir partir à la baston.

Être marqué à l’A [ɛtʁə maʁke a la]

Fig. A. © Michel Noury, Tomás Ibañez.

[ɛtʁə maʁke a la] (loc. alphab. ANAR.)
Si la langue surannée est bien souvent canaille, usant de tournures capables de faire rougir un bataillon de légionnaires et s’évanouir des précieuses de salon, elle a aussi ses périphrases pudiques, ses minauderies, ses embarras quand elle doit signifier tout le bien qu’elle pense de quelqu’un.

Ergo glu [ɛʁɡo ɡly]

ergo glu

Fig. A. Nonobstant la dualité de la situation conjoncturelle, il ne faut pas négliger une analyse profonde qui permettra d’étalonner l’ensemble de principes déterminant la portée des actions à venir.

[ɛʁɡo ɡly] (loc. lat. DTC.)

Le langage suranné fut bâti avant tout pour moquer le sachant broyant de l’eau dans un mortier, pour railler l’abatteur de quilles, pour éconduire le patte-pelu.

Faire le métier de la grenouille [fɛʁ lə metje də la ɡʁənuj]

Faire le métier de la grenouille

Fig. A. Robert (flou) vu par René après quatre tournées. Musée du Balto.

[fɛʁ lə metje də la ɡʁənuj] (loc. alcool. CÔA.)

La grenouille n’est pas qu’un simple batracien qui règne sur la mare aux canards, passant son temps à coasser à gorge déployée pour attirer la blonde qui d’un baiser la fera prince charmant.

Bourrer le mou [buʁe lə mu]

Bourrer le mou

Fig. A. Bourreur de mou en campagne électorale. Collec. privée.

[buʁe lə mu] (loc. verb. POLIT.)

Il n’y a pas la moindre trace de violence exercée à l’encontre d’un pauvre diable un peu lent à la comprenette dans l’expression étudiée ci-dessous. La langue surannée en vient rarement aux mains.

Faire tilt [fɛʁ tilt]

Faire tilt

Fig. A. « Et j’vis comme une boule de flipper, qui roule ». Corynne Charby.

[fɛʁ tilt] (loc. verb. FLIP.)

Dans la conception romantique qui colle à la langue française (celle que l’on parle, pas celle qui tourne dans la bouche des petites Anglaises avec la bande originale de Mort Shuman en fond sonore, enfin !), faire de l’effet se traduit souvent par avoir un coup de foudre, expression qui se passe bien d’explications.