[ɛʁɡo ɡly] (loc. lat. DTC.)
Le langage suranné fut bâti avant tout pour moquer le sachant broyant de l’eau dans un mortier, pour railler l’abatteur de quilles, pour éconduire le patte-pelu.
Le langage suranné fut bâti avant tout pour moquer le sachant broyant de l’eau dans un mortier, pour railler l’abatteur de quilles, pour éconduire le patte-pelu.
La grenouille n’est pas qu’un simple batracien qui règne sur la mare aux canards, passant son temps à coasser à gorge déployée pour attirer la blonde qui d’un baiser la fera prince charmant.
Il n’y a pas la moindre trace de violence exercée à l’encontre d’un pauvre diable un peu lent à la comprenette dans l’expression étudiée ci-dessous. La langue surannée en vient rarement aux mains.
Le saviez-vous ? La Société de Pêche des Anguilles Melunaises (SPAM) créée en juillet 1898¹ est l’héritière des maîtres pêcheurs de la ville de Melun, seuls autorisés par les rois de France à taquiner le goujon dans la Seine.
Dans la conception romantique qui colle à la langue française (celle que l’on parle, pas celle qui tourne dans la bouche des petites Anglaises avec la bande originale de Mort Shuman en fond sonore, enfin !), faire de l’effet se traduit souvent par avoir un coup de foudre, expression qui se passe bien d’explications.
La langue surannée a l’odorat sensible.
Pour elle ça sent le roussi quand les choses s’annoncent mal, le sapin quand le curé accourt, le vécu quand l’expérience parle, les vacances quand les jupes raccourcissent, le poney quand ça fouette, le chacal quand l’haleine dérange, le pâté quand la défaite est proche, le gaz quand les autres s’enfuient, le fennec quand l’odeur insupporte, la chair fraîche quand le vicelard s’active, la cocotte quand trop c’est trop, pas la rose quand ça pue, la poudre quand ça va chauffer, la quille pour le bidasse qui pète zéro…
C‘est sans aucun doute pour empêcher l’utilisation de l’expression vulgaire et sodomite de brachycères rendant compte d’un comportement tatillon à outrance, que le langage suranné a bâti celle-ci synonyme et nettement plus élégante.
Une tradition très ancrée dans les années surannées (XIXᵉ et XXᵉ siècles) voulait que la langue française traditionnelle se teinte tous les vingt ou trente ans de sonorités gutturales qu’on entendait mugir dans nos campagnes, portées à haute voix par de féroces soldats venant jusque dans nos bras égorger nos fils, nos compagnes.
Même si la paisible commune de Lagny-sur-Marne n’est pas a priori le royaume des excités (peut-être y fait-on un petit plus de bruit qu’à l’habitude en juin lors de la Fête de la Marne), ses bonnes âmes résidentes trimbalèrent jusqu’à la fin des années surannées une réputation d’inactifs qui leur porta un certain préjudice.