Catégorie : Faits divers

Ramener la banlieue en centre-ville [ramné la bâljö â sâtrevil]

Ramener la banlieue en centre-ville

Fig. A. Laurent Fabius quittant Matignon.

[ramné la bâljö â sâtrevil] (loc. urban. COIFF.)

Le débat fait rage en modernité, opposant centre et périphérie comme si les forces centrifuge et centripète étaient à la source du bon goût, de l’esthétique, de la richesse d’âme ou de portefeuille, et d’une longue liste de trucs top moumoute gardés par des cerbères en costume noir.

Avoir bu l’eau des nouilles [avwar by lo dé nuj]

Fig. A. Mode d’emploi pour ne pas boire l’eau des nouilles.

[avwar by lo dé nuj] (exp. pasta. CUIS.)

Cuisinées principalement à base d’eau bouillante et d’une pincée de sel, les nouilles constituent un plat aisé à préparer, fournisseur d’énergie et agréable à déguster.

Buen retiro [bÿâ retiro]

Fig. A. Puertas del buen retiro.

[bÿâ retiro] (loc. nom. ESPAÑ.)

Quand le langage suranné n’ose s’exprimer en français et va chercher les mots dans une langue amie, l’espagnol en l’occurrence, on peut en déduire qu’il fait dans le très lourd, l’inavouable, le sale.

Bourreur de pègres [burër de pèɡr]

Fig. A. La Bastille, bourrée de pègres.

[burër de pèɡr] (n. comp. JUST.)

Dans la chaîne qui mène le bandit de la maison poulaga à la Santé (ou tout autre établissement de standing similaire), celui-ci croisera plusieurs ouvrages à forte pagination qui auront tour à tour raison de lui. La France est un pays livresque, c’est ainsi.

Limonade de linspré [limònad de lêspré]

Fig. A. Gueux faisant péter la roteuse d’une limonade de linspré.

[limònad de lêspré] (n. com. AOC)

C‘est à un moine cellérier de l’abbaye bénédictine d’Hautvillers, ce bon dom Pérignon, que l’on doit l’AOC qui donna naissance par le suite à l’expression que nous étudions par ici (et que nous boirons enfin pour nous auto-congratuler de l’avoir potassée).

Faire le Michelin [fèr le miSlê]

Fig. A. « Charles, cessez immédiatement de faire le Michelin ou je vous en colle une ! ».

[fèr le miSlê] (loc. verb. BOUL’MICH’)

Aucun fabricant de pneumatiques français sis à Clermont-Ferrand et dûment représenté par Bibendum depuis 1898 n’est à l’origine de l’expression plutôt gonflée que nous allons étudier en ces lignes.

Corriger le Magnificat [kòriZé le maNifika]

Fig. A. Auto-portrait de Dalí en Joconde – Salvador Dalí. 1954.

[kòriZé le maNifika] (loc. verb. CANTIQ.)

Le mieux est l’ennemi du bien, dit la sagesse proverbiale. Quand on n’a rien à dire il vaut mieux fermer sa gueule surenchérit la populaire. Quant à la langue surannée, plus précieuse, elle va chercher dans la liturgie de quoi écraser la fraise de celui qui la ramène un peu trop.

S’écouter pisser [sékuté pisé]

Fig. A. Fat discourant.

[sékuté pisé] (loc. verb. FAT.)

S‘il est convenu, dans la correcte modernité, de très poliment souligner que le phraseur toujours prêt à en remettre une couche dans le discours et à se trouver ce faisant spirituel et brillant, s’écoute parler, nous pouvions évidemment compter sur la langue surannée pour ne pas le laisser s’en tirer aussi facilement.

Surannés incorrects [syrané êkòrèkt]

Fig. A. Jardin zoologique d’acclimatation. Bois de Boulogne, Jules Chéret, 1877.

[syrané êkòrèkt] (n. com. POLÉM.)

Tomber dans les oubliettes de la désuétude n’est pas à coup sûr regrettable. Il existe quelques noms surannés qui connurent le succès avant de devenir opprobre. S’ils sont aujourd’hui honnis et ne risquent pas de sortir de ce Dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes, ils procurèrent du délices aux enfants parce qu’ils concernaient le dessert ou le goûter.

Des enfants qui sont devenus un peu plus vieux désormais et n’ont pas tous acquis, heureusement, des idées tordues pour avoir dégusté des Bamboula de Saint-Michel, des Créola de Chambourcy, du Banania de l’ami Y’a bon ou des têtes de nègres.

Petite revue d’effectifs de ces surannés bien incorrects en modernité :

Les biscuits Bamboula de Saint-Michel

Nés en 1987 pour chasser sur les terres de Pépito (cf. ay Pépito), les biscuits Bamboula vont lentement s’enfoncer dans la fange jusqu’à l’impensable : la création du Village Bamboula près de Nantes, avec figurants en tenues traditionnelles de Côte d’Ivoire et tout le tralala. Oui…

En 1994, Saint-Michel retire ses biscuits Bamboula des rayons et bamboula ne s’utilise même plus dans l’expression faire la bamboula, pour faire la fête (faire la bamboche reste acceptable).

Les desserts lactés Créola de Chambourcy

Trois parfums, vanille, caramel, chocolat, et trois petites filles à la peau vanille, caramel, chocolat pour vendre Créola dans la réclame télévisée. On est en 1987, et même s’ils abusent notoirement de substances hallucinogènes les publicitaires ne pensent pas à mal; c’est l’époque. Qu’importe, Créola deviendra un dessert suranné.

L’ami Y’a bon de Banania

La légende fondatrice veut qu’un tirailleur Sénégalais rapatrié du front en 1915 et employé à la fabrication de Banania, s’exclama « Y’a bon » en goûtant la fameuse poudre chocolatée. L’ami Y’a bon est créé dans la foulée; il deviendra l’égérie de la marque jusqu’à la fin des années 60. Un petit coucou de l’ami Y’a bon en 2005 puis une disparition définitive en surannéité en 2011. Les collectionneurs continuent à le traquer, dans les brocantes.

La tête de nègre de la boulangerie

Meringue et crème au beurre entourées de chocolat : avec la tête de nègre il y avait de quoi régaler les gourmands. Vraisemblablement inventée au Danemark sous le nom de negerbolle, elle fit l’objet de dizaines de déclinaisons locales dans de nombreux pays. Elle est devenue tête de choco, boutée en surannéité par la justice.