L‘inextricable imbroglio des formalités administratives françaises pour quelque action officielle que ce soit, aurait dû à lui seul signifier confusion. Ainsi la langue se serait-elle dotée, par exemple, d’un séduisant adminimbroglio pour décrire la chose. C’eut été amusant.
Fig. A. « Alphonse, un Picon ? Je veux mon neveu ! ». 1868. Le Balto, Paris.
[Ze vö mô nevö] (loc. interj. OUI)
Faire entrer son interlocuteur dans le cercle intime et familial n’est pas la fonction principale de l’acquiescement tonitruant que nous scrutons attentivement ci-après. Présentons-nous cependant à la grande famille des mots, un petit peu dans la peau d’un beau-frère que l’usage de l’expression en question pourrait laisser deviner.
Fig. A. « Je vous aime ». NNNN (fin de transmission).
[peti blö] (gr. nom. P&T)
Selon votre degré personnel de surannéité, il est possible que cette définition vous évoque plus facilement le petit peuple imaginaire et sympathique des Schtroumpfs créé par Peyo en 1958 qu’un élément de la correspondance généralement annonciateur d’excellentes ou terribles nouvelles.
Dans le verbe qui compose l’expression surannée qui nous vaut l’honneur de votre présence attentive en ces lignes, le préfixe est important et surtout questionnant. « Re » indique-t-il un retour au point de départ ou une répétition dans le cas d’étude que nous parcourons ensemble ? L’ensemble est complexe, décortiquons.
Dans l’esprit brumeux et parfois confus des vieux cons surannés à l’écoute altérée, se brouillent des formules dont les unes sont publicitaires et les autres populaires. Ainsi le célèbre slogan datant des années 70, Roquefort d’abord, Roquefort d’accord (l’assonance étant une sorte de Graal dans la publicité celui-ci fut longtemps considéré comme un chef d’œuvre), peut-il être parfois pris pour la locution qui va nous occuper ici.
Fig. A. To be, or not to be: that is the question.
[ZòZo] (n. prop. HAML.)
Si être ou ne pas être est bien la seule question qui vaille (le cas échéant relisez l’acte III scène 1 de qui vous savez), elle pourra s’appliquer à d’autres pans de la comédie humaine que ceux de la vie et la mort, comme par exemple les voitures (on est Peugeot tout comme on n’est pas Citroën), le pinard (certains sont Bordeaux alors que d’autres sont Bourgogne et rien d’autre), le football (on ne peut être OM si l’on est PSG) et bien évidemment les femmes (certains sont blondes et ne sauraient être brunes). Oui, Shakespeare est partout.
L‘ébaudissement est un état courant au temps du suranné, et il en est de l’étonnement pour celui qui le vit comme de l’envol pour le perdreau de l’année : un émerveillement quotidien. C’est pour cela que le langage d’alors, dans son grand pragmatisme, bâtit une locution emplie de poésie.
Lorsque le contemporain s’essaye au suranné sans avoir franchi les nécessaires étapes d’apprentissage que sont, dans l’ordre, la lecture de San Antonio, le visionnage répétitif d’Un singe en hiver et divers chefs d’œuvre du 7ᵉ art, la consommation d’un Picon bière au Penalty, et pour finir un stage de découverte de l’entreprise à la chaîne de quelque usine travaillant en trois huit, il risque tout simplement de faire un bide.
Homo erectus croisait déjà régulièrement des mammouths sur sa route il y a quelques centaines de milliers d’années et il en fut de même pour son descendant Homo sapiens qui alla jusqu’à peinturlurer les murs de son habitat avec des dessins de la bestiole (158 mammouths dans la grotte de Rouffignac, preuve s’il en faut qu’il y a 13 000 ans on faisait déjà de drôles de rencontres en Dordogne).
L‘abeille nous est des plus précieuses en ce bas monde et si ça continue comme ça, monsieur Monsanto, il se pourrait que les générations futures rencontrent quelques problèmes pour expliquer comment ont fait les bébés en se servant de l’allégorie pollinisatrice de la reproduction sexuée des plantes à fleurs par Maya et Willy¹, car l’abeille disparaît.