Catégorie : Faits divers

Ver-coquin [vèrkòkê]

Fig. A. Bacchus chassant le ver-coquin des vignes et cultivant celui de son esprit.

[vèrkòkê] (n. comp. CHAMP.)

Il est plus que probable, érudits lecteurs que vous êtes, que vous croisâtes le mot qui fait l’objet de cette étude dans une composition sans trait d’union et sous la forme d’un titre du premier roman publié du génial Boris Vian : Vercoquin et le plancton¹.

Travailler pour le roi de Prusse [travajé pur le rwa de prys]

Travailler pour le roi de Prusse

Fig. A. Négociations salariales. XVIIIᵉ siècle.

[travajé pur le rwa de prys] (loc. verb. RADI.)

Frédéric-Guillaume Ier de la Maison de Hohenzollern est roi de Prusse dans ces années lointaines du XVIIIᵉ siècle et cette contrée reculée d’Europe orientale qui rejoindra plus tard l’empire d’Allemagne.

Il aurait pu demeurer un roitelet bedonnant¹ coincé dans sa généalogie entre Frédéric Ier et Frédéric II (ce classement numérologique est d’une rigueur toute germanique, pas comme nos Louis et nos Henri à la numérotation farfelue), mais son exercice zélé du pire des sept pêchés capitaux le fit passer à une postérité surannée.

Recevoir une giroflée à cinq pétales [resevwar yn Ziròflé a sêk pétal]

giroflée

Fig. V. La giroflée.

[resevwar yn Ziròflé a sêk pétal] (gr. verb. HORTI.)

Originaire du bassin méditerranéen, la giroflée est une fleur des plus communes en France et pousse de-ci de-là sur les murs, aux pieds des palissades et où le vent et les abeilles auront décidé de porter ses pétales de couleur jaune, pourpre, orange, rose ou encore marron. Un très joli parfum suave la rend reconnaissable et c’est ainsi que d’avril à octobre elle égaiera nos villes et nos campagnes.

Se taper la cloche [se tapé la klòS]

Se taper la cloche

Fig. A. Bourdon.

[se tapé la klòS] (gr. verb. MIAM)

Ding ! Dong ! C’est un signal. Que ce soit le tocsin de l’alerte, le grelot du lépreux, le glas lugubre dont on ne sait pour qui il sonne ou un hommage envolé d’Emmanuel, le Bourdon de Notre-Dame, le son du battant qui vient frapper l’airain nous fait dresser l’oreille. Dong, dong, doooong.

Se bousculer au portillon [se buskylé o pòrtijô]

[se buskylé o pòrtijô] (gr. n. RATP)
Fig. A. Entrée Guimard avant que ça se bouscule au portillon.

Fig. A. Suranné édicule Guimard. 1913.

Ah, le poinçonneur des Lilas ou d’ailleurs…

Celui qu’on croise et qu’on n’regarde pas comme nous le portraitisa le grand Serge, celui qui faisait des trous de seconde classe et des trous de première classe avant d’envisager de s’en faire un dernier pour ne pas finir dingue. 

Tuer un âne à coups de figues molles [tÿé ên- an a ku de fiɡ mòl]

Tuer un âne à coups de figues molles

Fig. A. Mon âne du Luco. 1970, collec. perso. Olivier Genevois.

[tÿé ên- an a ku de fiɡ mòl] (exp. lito. PEACE)

Longueur du temps et langueur de l’âme amènent parfois à des velléités étranges pour qui veut bien les observer. En cette docte assemblée nous allons donc prendre la peine d’étudier aujourd’hui les causes d’une expression faussement cruelle mais qu’une époque qui crie si vite haro sur le baudet aura pour autant vite remisée au suranné.

Faire des yeux de merlan frit [fèr déz- jö de mèrlâ fri]

Faire des yeux de merlan frit

Fig. H. Carpe koï avec des yeux de merlan frit.

[fèr déz- jö de mèrlâ fri] (gr. ver. CUIS.)

Selon la thèse commune, manger du poisson favorise la mémoire. Une idée bien étrange quand on sait (mais le sait-on vraiment ?) que le poisson n’a aucune mémoire… Si vous peinez à être convaincus, mangez un poisson rouge et dites-moi si vous vous souvenez alors mieux de votre code de carte bleue.

Avoir été baptisé avec une queue de morue [avwar été batizé avèk yn kö de mòry]

Avoir été baptisé avec une queue de morue

Fig. V. Recherche de vérité. Musée du vin.

[avwar été batizé avèk yn kö de mòry] (exp. pop. ALCOO.)

In vino veritas. C’est Gaius Plinius Secundus, Pline l’Ancien si vous préférez, qui nous le dit et nous aurions tendance à le croire, d’une part parce qu’il nous précéda dans l’art encyclopédique avec son Histoire naturelle en trente-sept livres publiées en 77, et d’autre part parce que l’esprit scientifique et rigoureux qui nous caractérise nous pousse parfois à vérifier ses dires.

C’est Byzance [sè bizâs]

Fig. B. Byzance, son bazar, son parfum unique. Archives privées.

Fig. B. Byzance, son bazar, son parfum unique. Archives privées.

[sè bizâs] (exclam. PÉROU.)

Rares sont les villes qui peuvent s’enorgueillir d’avoir porté plusieurs noms dans leur histoire. Il exista en une époque si lointaine que seuls les surannés ne l’ont pas oubliée (et pour cause puisqu’elle est une de leurs expressions exclamatives favorites), une ancienne cité grecque capitale de la Thrace, à l’entrée du Bosphore, un lieu chargé d’encens, de musiques langoureuses et de mystères irrésolus.

Avoir l’air de revenir de Pontoise [avwar lèr de revenir de pôtwaz]

Fig. P. Médecin soignant la peste. 1638.

Fig. P. Médecin soignant la grande peste de 1638.

[avwar lèr de revenir de pôtwaz] (loc. verb. AHUR.)

Précisons-le en guise de préambule : je n’entretiens aucun ressentiment particulier à l’égard de Pontoise et de ses trente mille habitants, chef-lieu départemental sis à environ vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Paris. Je crois même pouvoir affirmer y avoir déjà mis les pieds sans prendre mes jambes à mon cou, c’est dire si Pontoise me sied.