Catégorie : Faits divers
Compère-loriot [kôpèrlòrjo]
[kôpèrlòrjo] (gr. n. SENS.)
Avant, c’est à dire en ces temps lointains et surannés, le garnement n’avait accès à toute information, de quelque nature qu’elle soit, que par l’observation, la rumeur et la documentation imprimée. Je veux signifier par là aux plus jeunes des lecteurs de ce modeste dictionnaire pédagogique que les précepteurs électroniques que sont vos amis algorithmes des firmes de Palo Alto ou d’ailleurs n’existaient pas.Eh oui, ça jette un froid.
Le jardin des pontes [le Zardê dé pôt]
[le Zardê dé pôt] (gr. n. JEU)
C’est un suranné printanier qui nous convie aujourd’hui à l’étudier. Et pour palabrer tranquillement il nous attend dans le jardin, à la française ou à l’anglaise, ce sera comme vous voudrez. Venez vous asseoir sous le grand arbre, nous y serons bien à l’ombre. Avant peut-être de nous y retrouver à nouveau, à l’ombre.22 voilà les flics [vêt-dö vwala lé flik]
[vêt-dö vwala lé flik] (interj. exclam. TAÏAU.)
Quand la maréchaussée pointait le bout du nez ou plutôt celui de son bâton, le monte-en-l’air, l’arnaqueur, le rat d’hôtel, le malandrin avaient comme surannée exclamation en guise d’annonce de débandade celle du 22 voilà les flics. C’est en tout cas ce que me racontaient les films et les bouquins.
N’en jetez plus, la cour est pleine [nâ Zeté ply, la kur è plèn]
[nâ Zeté ply, la kur è plèn] (exclam. ÉNERV.)
Quand ça déborde, quand j’en peux plus, quand c’est la fin, d’un tout, d’un rien, quand vraiment ça m’énerve, ça m’exaspère, ça me fiche les abeilles, quand vous dépassez la limite, quand ça m’agace ou ça m’irrite, quand j’suis chafouin, quand j’ai envie de tout jeter, quand ça me tape sur le système, quand aussi ça me court un peu trop sur le haricot, quand ça me gonfle (et souvent ça me gonfle), parce que je suis un Vieux con du Club des surannés, je dis : n’en jetez plus, la cour est pleine.
Mener une vie de bâton de chaise [mené yn vi de batô de Sèz]
[mené yn vi de batô de Sèz] (gr. n. FIESTA.)
Il est dans la langue surannée quelques analogies qui laisseront pantois le béotien moderne mais feront le régal du praticien classique. Si l’on peut être choqué par les œufs en couille d’âne, si l’on peut hésiter à aller chez le merlan, s’il est toujours délicat de se faire empapaouter, il est déconcertant de mener une vie de bâton de chaise.
Trois francs six sous [trwa frâ sis su]
[trwa frâ sis su] (unit. mon. POGN.)
L’euro, monnaie moderne et bien pratique (n’est-ce pas là l’objectif de toute modernité d’ailleurs, la praticité ?) nous a envoyé paître en surannéité une unité de mesure de plus et avec elle l’expression du bien peu.
Clopin-clopant [klòpêklòpâ]
[klòpêklòpâ] (nom et part. prés. MARCH.)
Comme vous l’avez à maintes reprises constaté, le suranné a l’art du descriptif et pour s’enorgueillir d’être compris de tous n’hésite pas à faire dans le direct (c’est par exemple Gros-Jean comme devant), dans l’imagé (c’est la maison poulaga) et parfois dans le redondant (c’est ce qui nous occupe aujourd’hui). Nom et participe présent, celui qui n’aura pas compris sera prié de retourner à ses études parce que là, clopin-clopant fait tout de même le maximum. Mais ne nous perdons pas en sarcasmes inutiles, il y a un sens à la répétition.Pomme [pɔm]
[pɔm] (n. fém. FRUI.)
Ça y est, il est devenu fou. Vous l’avez pensé, atterré(e), en lisant le titre princeps.Comment un fruit pourrait-il être suranné ? Je sais bien que des légumes le sont, prenez les topinambours par exemple, mais un fruit… Un fruit ! Eh bien mes amis, si la pomme n’est pas en elle-même surannée, je vous l’accorde, apprenez que des gestes qui l’utilisent peuvent l’être.
La Noiraude [la nwaʁod]
[la nwaʁod] (n. propr. VACH.)
Politiquement correct et langage suranné ne font parfois pas bon ménage. Vous savez combien le moderne aime le lisse, le sans relief, le diaphane et le neutre, le pisse-vinaigre et le peine-à-jouir. Je vous préviens de suite le mot que voilà peut vous choquer si à l’aveugle vous préférez le non-voyant ou au con le mal-comprenant. Dans ce cas ne lisez pas ce qui suit, je n’en serai nullement fâché.