[fɛʁ lə ma.ʁjol] (expr. GUIGN.)
Dans la hiérarchie des renégats de l’ordre établi, le mariole occupe une place bien à lui.
Dans la hiérarchie des renégats de l’ordre établi, le mariole occupe une place bien à lui.
Si l’apéro n’est jamais devenu suranné et demeure une tradition vive en notre belle et joyeuse contrée c’est surtout grâce à son contenu¹ qui évolue très régulièrement sous les coups de boutoir d’un marketing acéré et civil à la fois puisqu’il n’oublie jamais de nous rappeler que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. C’est sympa. C’est commercial mais c’est sympa.
Oui ami lecteur, oui toi que je chéris car en lisant ma prose tu contribues à mon équilibre émotionnel et donc à la préservation de l’amitié entre les peuples, oui toi l’internaute arrivé sur ces lignes par le hasard googléen d’un algorithme facétieux, oui toi je te le dis de but en blanc : s’il t’arrive de prendre un p’tit caoua, tu es un suranné je le crois à coup sûr.
Esquiché n’est suranné que pour ceux qui ont vécu leur enfance en Provence à une époque où elle était reliée à la capitale par la Nationale 7. Je sais, on fait dans le pointu mais ici la rédaction ne renonce devant rien.
Il y a le suranné primesautier et léger et puis il y a le lourd; de sens bien entendu. Aujourd’hui nous nous attaquons à du lourd, du très lourd même.
Le silence n’aurait-il donc plus aucune valeur ? Son utilisation semble devenue surannée à tel point qu’il s’approche souvent de l’outrage.
Le temps présent est à l’émission, à la parole, au flux, au flot au permanent. Le silence incommode s’il se place au milieu de tout ça. Se taire plus de deux secondes est désormais signe de désintérêt ou de mépris dans la conversation, d’inaptitude sociale; prendre le temps d’un silence ne peut être celui d’une contemplation, du soleil qui se couche, de l’être aimé, d’une toile de maître, d’un petit rien.
Non ! Haro sur le silence. Comble, comble, vite ! Parle-moi, dis-moi quelque chose, que je n’aie pas à me taire en retour ! Un silence et je tombe dans le vide.
…
Des fois j’aime bien me taire, j’entends battre mon cœur.
GIGN, RAID, CRS, GIPN, BRI, les acronymes du XXᵉ siècle ont rendu la Maréchaussée des plus surannées.
Et c’est bien dommage.
Désormais l’appellation vaut grand uniforme et moustache recourbée, couvre-chef à plume et arquebuse, plus qu’il n’en faut pour appeler à sourire et à un conséquent manque d’autorité. Manquerait plus qu’un roulement de « rrrrrr » et le compte est bon. Enquiquinant vous en conviendrez en cas d’interpellation de contrevenant sur la voie publique.
Maréchaussée est tombée au champ d’honneur de la bataille que la langue française mène avec les réalités de son époque, par exemple celle où l’exercice de la force publique est devenu avant tout celui de la force létale.
Le temps n’est plus aux circonvolutions, à la négociation voire à l’arrangement. Efficacité ne rime pas avec Maréchaussée la surannée.
Le présent dilemme qui se pose à nous est celui du positionnement du curseur entre naïveté et bêtise assumée voire perversion de jocrisse; car qui pourrait contester qu’il est bien entendu totalement suranné, la dernière personne l’ayant employé se trouvant être le Capitaine Haddock¹ (Les aventures de Tintin : Coke en stock, Hergé, 1958).