Sustenter : un verbe rabelaisien
[systɑ̃te] (verb. prem. gr. TAB.)
S‘il est de ces mots nobles boutés hors du langage commun par quelque esprit grivois se prétendant moderne, sustenter en est le héraut.
Sustenter : un verbe rabelaisien
S‘il est de ces mots nobles boutés hors du langage commun par quelque esprit grivois se prétendant moderne, sustenter en est le héraut.
Mais l’élégant Thermopyles contient tant de cours d’histoire, de grec et de superbe que je ne peux m’empêcher de le trouver suranné.
Il avait resurgi dans ma vie sans crier gare, au coin d’une rue du XIVᵉ qu’il dénommait comme je vivais alors dans ses parages. Passé le temps de la surprise et, il faut bien l’admettre, celui concomitant d’une plongée dans l’Encyclopædia Universalis (les Internets n’existaient pas en ces temps reculés), Thermopyles avait réintégré mon bréviaire personnel, me permettant de temps à autre une sortie remarquée dans les dîners en ville (le tout étant de le placer au bon moment sinon ça se voit et on passe pour un snob mais ceci est une autre histoire).
Quel plaisir de le manier, d’estourbir le rival à coups de h et de y qu’il ne saura placer. Thermopyles est un suranné pour frimeur, j’en conviens, mais c’est un suranné quand même. Avec un Thermopyles bien balancé on récolte l’aura spartiate d’un Léonidas. Sauf si elle pense qu’il s’agit là de chocolats…
Comment ? Quoi ?! Mais que raconte-t-il ?
Oh je vous vois vous pâmer parce que j’ai bien voulu titrer allô et ainsi l’accepter dans le doux monde des mots délicieusement surannés. Je vous entends vous indigner, persifler, me traiter de fou, d’inconscient, de fossoyeur des grands classiques.
Accessoire central de mes premiers bricolages d’enfance, cible des tout-aussi-premiers maugréements liés à quelques ratages de l’activité en question, puis remplacement progressif par le clou la vis ou le boulon, l’attache-parisienne a tout pour être surannée.
Quelques grammes de laiton souple pour bâtir un monde de super robots à tête et membres mobiles, pour créer mes premières montres, pour faire tourner les roues de mes premières voitures de carton…
L’attache-parisienne explique tout, elle est le nœud de Freud ou de Lacan, l’élément central de toutes les névroses à venir ! Une mine d’or pour psy ! D’accord je m’emballe peut-être un peu mais l’attache-parisienne c’était un truc super en tout cas. Je ne m’explique toujours pas sa dénomination étrange mais je m’en fiche. On a créé ensemble et c’est bien là l’essentiel.
Halte-là mon ami, si tu prétends aujourd’hui user de ce mot, tu es soit un menteur soit un fâcheux hurluberlu. Qui a ouï prononcer billevesée? Personne, nous sommes d’accord.
Bien que les idées creuses n’aient aucunement disparu en notre époque moderne, on peut même dire qu’elles y trouvent un terrain de prédilection, le mot qui les décrit le mieux s’est pour sa part quasiment éteint, rejoignant les zones troubles de ses frères surannés au fond des dictionnaires.
N’est-ce pas là bien étrange destin ?
Alors qu’il se prêterait au mieux à décrire la plus grande partie des propos de nos contemporains et notamment de ceux qui ont fait de l’émission d’avis une profession, voilà donc que ce terme inexiste. Oui, inexiste. Il a dû être occis par quelque consultant en bonne parole ou expert en expertise, je ne vois pas d’autre issue.
Billevesée, renais ici de tes cendres, on a besoin de toi.
Je le classerais dans la catégorie terriblement suranné ce cinglant ci-devant. Il fustige, il fouette, il abîme, il déclasse ci-devant ! S’il claque autant c’est qu’il a la goût du sang vengeur : Louis Capet, ci-devant Roi de France ne me contredira pas. Ci-devant a fait tomber tant de têtes, a humilié tant de puissants et de gueux, qu’il en est désormais infréquentable. Il n’empêche que sa construction était jolie.
Comité de Salut Public tu nous a bousillé un mot, tu es impardonnable.
Précisons de suite notre propos : il s’agit bien ici de parler des papillotes lyonnaises, ces friandises de fêtes, ces finis-d’abord-tes brocolis, ces une-petite-dernière-et-puis-j’arrête. Rien d’autre.
Dans mon imagination romanesque, turpitudes ne m’apparaît pas dans toute l’ignominie que sa définition pourtant décrit. Non, je la vois comme l’aboutissement d’une fatalité plus que comme un comportement honni. Son pointu « pitu » ? Je ne sais; turpitudes m’est presque sympathique parce qu’elle traîne de la fange, de l’obscur, du subi, de l’échine courbée, du joug.
Passons donc sur ces errements qui nous font faire fausse route pour en venir au sujet : turpitudes est surannée, je le dis. Que oui mon ami ! Turpitudes devrait encombrer les colonnes des journaux, faire la Une ou au moins les gros titres, mais non, rien, pas une apparition ou si peu. Puisqu’elle est action et pensée basse et honteuse, elle devrait régner en maître dans le langages des matamore de plateaux télé, des spécialistes en tout et observateurs aguerris. Mais las, toujours rien. Elle est donc bien surannée.
La légèreté prosélyte du marivaudage ne rencontre guère plus qu’un vague succès d’estime en ces jours troublés par la farouche volonté d’être quelqu’un (de bien ou pas), la puissance des forces obscurantistes et l’abandon des vestiges du passé (sauf les certifiés « vintage »).
Et pourtant marivaudage recèle un petit monde bien agréable, nous parlant de l’amour d’un ton badin, le meilleur qui soit en l’occurrence pour s’assurer de lui survivre. Pourquoi diantre bafouer ce si gentil marivaudage ? Dentelles, perruques et poudres, cache-cache dans les lauriers du parc, bougies et parfums d’ambre, n’étaient-ils pas délicieux ?
Même si le terme outrageusement suranné tend à péjorer celui à qui il s’adresse, j’ai une certaine tendresse pour ce cabotin là. Bien entendu que le cabotin joue, surjoue même, mais il demeure subtil car il offre à son public ce qu’il attend de lui.