Catégorie : Faits divers
Cagnard [kaɲaʁ]
[kaɲaʁ] (n. masc. SOL.)
Quand le daron annonçait qu’il y avait du cagnard on devait passer au plan chapeau-crème solaire. C’était un code d’alerte de niveau 2. En tout cas pour ma mère. On sentait bien que le soudain abandon du terme soleil cachait une gradation dont on ne maîtrisait pas bien l’échelle. Le cagnard était sentencieux et il fallait agir, s’en protéger. Cagnard m’est resté comme un impératif.Latécoère [_latekɔɛʁ_]
[_latekɔɛʁ_] (avia. HAU.)
Qu’on ne se méprenne pas, je ne suis jamais monté dans un Latécoère, faut pas exagérer. Mais son ton aéropostale me renvoie à St-Ex, aux déserts d’Afrique, aux traversées transatlantiques, aux cieux d’orages. Henry Salvador l’avait aussi utilisé et pas que pour la rime et j’entends encore sa voix traînante nous chanter qu’il voudrait bien en revoir un. Moi aussi.Loquedu [lɔkdy]
[lɔkdy] (insul. *****)
Loquedu est dans mon Panthéon du mépris. Je trouve que cette insulte recèle une violence inouïe sous ses airs de ne pas y toucher. Pour peu qu’elle ne soit pas entendue (on est si loin du bâ***d ou de l’enc**é moderne !) à sa juste valeur elle n’en aura que plus de force d’écrasement. Qu’on se le dise, loquedu est plus que moins que rien.
Gargote [ɡaʁɡɔt]
[ɡaʁɡɔt] (n. fém. SECRE.)
J’aime bien aller manger un truc dans une gargote de temps en temps. Un pot-au-feu des familles, une spécialité locale improbable. On doit tous avoir l’adresse d’une ou deux gargotes secrètes pour briller auprès des cousins de province ou d’une jolie blonde à séduire ; c’est vital.Avertisseur sonore [avɛʁtisœʁ sɔnɔʁ]
[avɛʁtisœʁ sɔnɔʁ] (cod. rout. ARHEU.)
Avertisseur sonore fleure bon le Code Rousseau et le panneau signalétique du fin fond de la campagne. Evidemment klaxon ça fait plus moderne ; mais avertisseur ça sonne doux, tendre, d’un temps où l’utiliser n’était pas encore une forme d’insulte urbaine. C’est pour ça que je l’aime.Pieds nickelés [pje nikle]
[pje nikle] (bra. cass. BD)
Les aventures dessinées des Pieds nickelés étaient à disposition dans les toilettes. J’y ai passé quelques heures à tenter d’en comprendre les subtilités qui m’échappaient vu mon jeune âge. Mais ça avait comme un petit air d’interdit ou de connivence avec les grands. Je sentais bien qu’il se tramait un truc avec ces trois hurluberlus. Je n’ai compris l’expression désignant de piètres brigands que beaucoup plus tard.Crayon de bois [kʁɛjɔ̃ də bwa]
[kʁɛjɔ̃ də bwa]
J’ai fait la communale.
Et on avait des crayons de bois. Ou des crayons à papier, c’est selon.
J’en ai usé des dizaines, mangé à peu près autant. J’ai encore le goût dans la bouche. J’admirais plus que tout ceux qui les conservaient jusqu’au bout, proprement taillés. Jamais réussi à y parvenir.
Un p’tit frichti [ɛ̃ _pti_ fʁiʃti]
[ɛ̃ _pti_ fʁiʃti] (loc. fam. NOURRI.)
Le p’tit frichti c’était quand j’accompagnais mon père en balade en forêt et que l’on passait chez un ami à l’aller ou au retour. Il nous préparait un p’tit frichti. Et on rentrait tard sans avoir prévenu ma mère qui attendait, il n’y avait pas de portable. On se faisait engueuler mais on s’était bien marré.