Catégorie : Langues

Passer à l’as [pasé a las]

Fig. A. Le Tricheur à l’as de carreau, Georges de la Tour. Musée du Louvre.

[pasé a las] (loc. verb. CART.)

En guise de pied de nez anticipé à tous ceux qui n’oseraient plus la parler plus tard, bien plus tard, la prévoyante langue surannée avait offert les mots pour signifier sa disparition à venir.

Comme de bien entendu, la maline l’avait fait avec son sens de la brouille des cartes, sachant bien que le moderne se piquerait de comprendre son passer à l’as même sans y entendre grand chose. La perfide…

Sensass [sâsas]

Sensass

Fig. Bien avant le moderne like, le suranné sensass.

[sâsas] (exclam. SUP.)

Exclamation dithyrambique diminutive d’un sensationnel bien trop guindé, sensass est une apocope familière qui marque le caractère exceptionnel de la personne, de la situation ou de l’objet auquel elle s’applique.

Sec comme les couilles à Taupin [sèk kòm lé kuj a topê]

Sec comme les couilles à Taupin

Fig. A. L’abbé Taupin relisant la recette du cake aux olives.

[sèk kòm lé kuj a topê] (loc. nom. AMEN.)

Dans une contrée où la cuisine est de l’ordre des arts, la langue se devait d’établir des conventions visant à rendre la perception organoleptique compréhensible par tous. À condition de maîtriser la syntaxe surannée, bien entendu.

En avoir gros sur la patate [ân- avwar ɡro syr la patat]

Fig. A. Patatas.

[ân- avwar ɡro syr la patat] (loc. agric. PATATA.)

En ramenant la pomme de terre de ses pérégrinations péruviennes, Pizarro imaginait-il un seul instant que c’est l’une des plus surannées expressions du spleen qu’il charriait dans ses cales ? Il est probable que non.

Baver des clignots [bavé dé kliNo]

Baver des clignots

Fig. A. Georges Washington contemplant son rêve d’Amérique. Détail.

[bavé dé kliNo] (loc. verb. OUIN.)
Au temps du suranné il se disait qu’un homme ne pleurait pas. C’était comme ça.

Nestor de la limonade [nèstòr de la limònad]

Fig. A. Nestor, un Monaco !

[nèstòr de la limònad] (n. com. BOISS.)

Limonade, café, liqueurs” aurait pu être la devise de la République française tant on la trouve aisément, gravée au fronton d’établissements sis au centre de toute ville ou tout village en ces temps surannés. C’est finalement sa voisine la mairie qui gagnera la partie avec sa (trop ?) lyrique « Liberté, égalité, fraternité », mais ceci est une autre histoire.

Goupiner à la desserte [ɡupiné a la désèrt]

Fig. A. Victor Hugo, grand théoricien de la meilleure façon de goupiner à la desserte.

[ɡupiné a la désèrt] (gr. verb. VOL.)

Depuis que l’on a lu les aventures du malheureux Jean Valjean et l’épisode de l’évêque Myriel, l’on sait qu’il vaut mieux ne pas goupiner à la desserte mais que, somme toute, l’expérience peut aussi faire du larron un homme meilleur. Ce tendre goupiner tellement moins violent que voler, barboter, dépouiller, truander, cacherait-il quelques vertus ?

Consoler son café [kôsòlé sô kafé]

Fig. A. Grain de café triste. Musée de l’Alambic.

[kôsòlé sô kafé] (gr. verb. CAF.)

Parmi les rituels initiatiques pour marmots dévolus aux aïeux n’ayant plus de comptes à rendre au sérieux, se trouve celui de la première goutte de gnôle, généralement cachée dans un liquide dont l’absorption ne troublera pas la morale parentale qui veille au grain.