Catégorie : Pensées

Muet comme une carpe [mÿè kòm yn karp]

Fig. D. Carpes koï muettes envoyant un baiser.

[mÿè kòm yn karp] (loc. adv. KOÏ)

Mis à part quelque batracien censé séduire une blonde princesse par son art consommé de la parole et du mot, aucun représentant du monde des ruisseaux et des lacs n’a jamais ouvert la bouche autrement que pour gober une mouche (si vous pouvez prétendre le contraire votre témoignage sera étudié avec le plus grand intérêt)¹.

Vipère lubrique [vipèr lybrik]

Vipère lubrique

Fig. S. Social-traître du Parti. Allég. Musée Lénine.

[vipèr lybrik] (n. com. SSSSSS.)

Depuis le Nahash de la Genèse, oui celui-là même qui entraîna la chute d’Adam et Ève avec son histoire de pomme à croquer, depuis avant même l’avènement des temps surannés donc, le serpent est une allégorie du vice.

Jouer avec les vis de son cercueil [Zwé avèk lé vis de sô sèrkëj]

Fig. B. Vis tous matériaux. Catalogue Manufrance.

[Zwé avèk lé vis de sô sèrkëj] (loc. AHHHH.)

Certains sont plus pressés que d’autres de manger les pissenlits par la racine, c’est ainsi. La présente et modeste encyclopédie que vous tenez en main n’étant pas celle de la psychanalyse, fut-elle à deux balles, nous ne tenterons même pas l’espace d’un cadratin d’expliquer le pourquoi de cette célérité mise en bien des actes pour rejoindre le Paradis¹ avant son heure.

Être comme le chien du jardinier [ètre kòm le Sjê dy Zardinjé]

Fig. A. Légumes du jardin sur lesquels le chien a pissé.

Fig. A. Légumes du jardin sur lesquels le chien a pissé.

[ètre kòm le Sjê dy Zardinjé] (loc. verb. WAF.)

Il était une fois un jardinier et son chien. Ainsi débute cette définition car elle doit son existence à un conte qui nous narrait leurs aventures lors des veillées au coin du feu. Peu importe que cela soit réel ou non, toujours est-il que les deux comparses nous ont légué une bien belle expression.

À deux balles [a dö bal]

Fig. A. Gros cochon à deux balles.

Fig. A. Gros cochon à deux balles.

[a dö bal] (énum. FRAN.)

D‘un sans imagination « J’étais malade »¹ pour justifier une absence à un imparable « Ma grand-mère est décédée » pour argumenter un loupé scolaire ou professionnel, d’un technique « Je passe dans un tunnel ça va couper » à un pseudo-poli « Bon c’est pas tout ça mais il y a de la route je vais y aller » pour écourter une conversation, d’un prétentieux « J’ai manqué mon vol à LaGuardia mais je saute dans un taxi j’ai l’AF3577 à JFK et j’arrive » à un abracadabrantesque « J’ai été enlevé par des extra-terrestres mais j’ai réussi à m’échapper », vous avez tous utilisé des excuses bidons.

Tous. Je le sais.

Pas un mot à la reine mère [pa ê mo a la rèn mèr]

Fig. A. Reine-mère patientant, patientant, patientant…

[pa ê mo a la rèn mèr] (titr. CINÉ)
Quand le 7ᵉ art cinématographique crée de l’expression surannée, alors on peut dire qu’il a marqué son temps, qu’il est chef d’œuvre.

On est bien loin des modernes statuettes en métal doré et des comptes d’apothicaire sur celui qui a la plus grosse recette en un jour, trois semaines ou six mois, qui agitent désormais les critiques cinéphiles, comme si le chiffre d’affaires avait à voir avec l’empreinte qu’un film va laisser. Mais ceci est une autre histoire.

Épais comme un sandwich SNCF [épè kòm ê sâdwiS èsènséèf]

Fig. S. Le conte Sandwich qui mangea le 1er. Fondation Mac Donald's.

Fig. S. Le conte Sandwich qui mangea le 1er. Fondation Mac Donald’s.

[épè kòm ê sâdwiS èsènséèf] (loc. adv. CUIS.)
Dans un pays où la cuisine pourrait tenir lieu de 10ᵉ art, complétant dignement la somme toute controversée classification des arts majeurs (architecture, sculpture, peinture, musique, poésie du XIXᵉ siècle ayant laissé place à architecture, sculpture, arts visuels, arts de la scène, danse, musique, cinéma, arts médiatiques, bande dessinée), toute tentative de faire avaler n’importe quoi à qui que ce soit est immanquablement sanctionnée.

Avec la bite et le couteau [avèk la bit é le kuto]

Avec la bite et le couteau

Fig. A. La querelle des Anciens et des Modernes.

[avèk la bit é le kuto] (loc. POES.)

Monument du suranné et grand pourvoyeur d’expressions imagées ayant fait leur carrière dans la langue d’avant, Jean de la Fontaine, classé ancien dans la fameuse querelle des Anciens et des Modernes (XVIIᵉ siècle), aurait pu nous fournir celle que nous allons envisager ici.

En toucher une sans faire bouger l’autre [â tuSé yn sâ fèr buZé lotr]

En toucher une sans faire bouger l’autre

Fig. A. Pendule à cloches, dit « de Chirac ». Un complexe mécanisme permettait d’en faire bouger une sans toucher l’autre. Musée du Quai Branly.

[â tuSé yn sâ fèr buZé lotr] (loc. verb. ANATOM.)

La légende raconte que l’on doit l’expression à Jacques Chirac, personnage suranné s’il en est qui décrocha même le Trophée Suranné d’argent 2016 pour « La clope en conseil des ministres ». Il est donc probable qu’une datation nous promène dans les années soixante, soixante-dix voire quatre-vingt, quand le Don Juan de la République s’appliquait à la séduire pour mieux trousser jupons quand il s’assoupirait au pouvoir quelques années plus tard (mais ceci est une autre histoire).

Être raide comme un passe-lacet [ètre rèd kòm ê paslasè]

Être raide comme un passe-lacet

Fig. A. Raide et aveugle est la justice des hommes.

[ètre rèd kòm ê paslasè] (loc. verb. MARÉCHAUSS.)

Raide est la justice (en plus d’être aveugle), raides sont les divers auxiliaires qui la servent, raides sont les forces de coercition et de l’ordre qui nous gardent la paix et défèrent devant elle les malfrats égarés. Cette martiale rigidité nous allons ici la célébrer car elle est à l’origine d’une bien belle expression; étudions.