Catégorie : Classé X

Bagatelle(s) [baɡatɛl]

[baɡatɛl] (n. f. OLÉ)

Rarement, singulier ou pluriel n’auront changé autant le sens. Rarement la présence elle même surannée d’un « s »¹ pour signifier la multitude n’aura été autant lourde de sous-entendus.

En commun, bagatelle(s) ont neuf lettres tout autant surannées que légères.

Oui, je trouve que le doublement du « l » confie de la légèreté, qu’y puis-je ? Mais pour ce qui est du contenu, on se prépare au grand écart : le singulier pour la frivolité, le pluriel pour les peccadilles. À moins que ce ne soit l’inverse, je ne sais plus. C’est à coup sûr ce doute qui l’a (les a) conduite(s) en surannéité cette (ces) bagatelle(s).

Qui plus est bagatelle(s) est difficile à distiller en une conversation, sauf à trouver l’enchaînement avec une voyelle pour souligner immédiatement la présence du fameux « s » et éluder à l’instant toute velléité d’ambiguïté. Imaginez un instant que vous proposiez au cocktail de l’année de partager quelque menue bagatelle à la propriétaire de cette robe fourreau moulante et fascinante…

Bagatelle et bagatelles se sont donc fait la malle du conversationnel. Et l’écrit est d’essence surannée. Moult romans galants ont accueilli le singulier est c’est un doux moment que de s’y replonger de temps à autre. Lisez mes amis, lisez, c’est bon pour l’esprit. Et n’oubliez pas non plus de céder à bagatelle et bagatelles, c’est bon pour les artères.

¹Ben oui quoi, si on se met aussi à respecter l’orthographe on finira par accorder les participes passés !

Gourgandine [ɡuʁɡɑ̃din]

Fig. A. De la sensualité. Musée de l'érotisme.

Fig. A. De la sensualité. Musée de l’érotisme.

[ɡuʁɡɑ̃din] (n. fém. COQUI.)

Gourgandine est un univers mielleux et libidineux à souhait à lui seul.

Ce mot délicieux porte en trois syllabes bien léchées un parfum d’alcôve et d’encens, un je-ne-sais-quoi de rideaux théâtraux et de soie sensuelle. La gourgandine ne se croise plus de jours, ou dans quelque recoin au secret bien gardé.

Elle est rare et précieuse, tout comme son expression qu’on ne trouve plus guère que dans les commentaires éclairés d’esthètes amateurs du XVIIᵉ siècle ou de lecteurs assidus d’Honoré de Balzac, mais l’époque est à Marc Lévy pas à Balzac. Non vraiment, gourgandine n’est plus d’époque. C’est bien dommage.