[So lé marô] (exclam. AUTOMN.)
C‘est au Gaulois bagarreur et amateur de sanglier que la langue française doit à la fois la confusion marron-châtaigne et la profusion d’expressions utilisant l’un ou l’autre.De bourre-pifs rebelles en recettes de cuisine, le marron et sa consœur se sont ainsi installés dans le langage, nous léguant notamment la très alertante chaud les marrons que nous allons ce faisant passer sur le gril.
C’est chaud les marrons est un branle-bas, un tocsin, une alarme qui résonne pour nous dire que la situation est des plus complexes et qu’il va falloir faire preuve de créativité pour s’en sortir sans casse. Quand c’est chaud les marrons, c’est surtout l’arrière-train qui pourrait bien nous cuire car, vraiment, ça craint.
C’est chaud les marrons s’utilise en guise de constatation et expose à l’assistance une considération thermique élevée qui pourrait devenir insupportable si la conjoncture perdurait. Chose étrange, convenons-en, si l’on considère la qualité majeure des marrons qui consiste précisément à être chauffés. Souvenez-vous de ces chaud les marrons, chaud qu’on entend en ces temps surannés comme l’on déambule sur les boulevards, preuve s’il en faut qu’il est dans la nature du marron de se désaffubler de sa bogue pour se faire lécher par une flamme.
Se pourrait-il alors que les marrons attisés par le braise ne cachent une allégorie gonadique plus salace ?
Ce qui expliquerait dans ce cas le fort désagrément perçu par la chaleur élevée qui, rappelons-le, a dans ce cas une très nette propension à faire coller les bonbons au papier. Une telle hypothèse expliquerait qu’en entrant dans une modernité peu friande de gauloiserie l’expression se fasse rare.
Il est cependant plus probable que c’est l’exode rural et la disparition des castanéiculteurs d’Ardèche ou de Corse qui entraîneront vers les limbes surannés chaud les marrons. Le langage et l’odeur de l’automne sur le boulevard Saint-Michel ne s’en remettront pas.