[SèrSé kastij] (loc. médiev. QUER.)
ℑndubitablement présente dans le trio de tête des divertissements de l’homme (avec la bagatelle et l’apéro), la passe d’armes a marqué le langage et essaimé de-ci de-là des morceaux de son acerbité en sus de lambeaux de barbaque des vaincus.
Avec ce combat de tournoi médiéval, dont raffolaient nobles et gueux, qui simulait l’attaque d’un castel de carton pâte elle a donc fabriqué chercher castille qui a muté en synonyme de faire des reproches exagérés, soit l’exercice d’une parole revenant à chercher querelle jusqu’à être au bord d’en découdre (cf. princeps).
On peut imaginer que les preux chevaliers qui cognaient sur la porte du château de pacotille et pourfendaient des mannequins de paille en guise d’Anglois – s’encourageant de la voix pour mieux simuler leur courroux « Tiens ! Prends-ça Grand-Albion ! Succombe, perfide Angliche ! » – furent ceux qui initièrent l’expression.
Tiens ! Prends-ça Grand-Albion !
Chercher castille n’a en effet aucun lien avec quelque quête qui soit du royaume de Castille, pays des garçons qui vendent des glaces vanille et citron dont les filles d’Aragon se passent finalement comme chacun sait¹ (mais ceci est une autre histoire).
C’est bien quand le ton monte pour la moindre broutille (chaussettes abandonnées n’importe où, bouchon du dentifrice mal fermé, etc.) qu’il faut utiliser chercher castille pour dire, aïe aïe aïe, combien ça va chauffer. En paroles uniquement.
De castille en baston il n’y a pas bien loin, mais tout comme de Castille en Aragon les deux s’éviteront. Chercher castille se contente d’aboyer sans jamais en venir aux mains, leur jeu étant celui des vilains.
Dès la démonstration faite de l’inutilité de la ligne Maginot (mai-juin 1940) ou de toute forme de refuge fortifié dans la riflette moderne qui possède en attirail largement de quoi tout faire péter plusieurs fois, châteaux, citadelles, castels et castilles s’en iront du langage, emportant avec eux ce chercher castille suranné.
Objurgations et blâmes de grande scène du 2 se verront désormais incompris et le contemporain n’hésitera donc plus à cogner au lieu de chipoter, faisant parler ses poings plutôt que sa langue abandonnée.