[SèrSé yn bèlmèr] (loc. marit. VÊT.)
Si l’on en croit le langage suranné et ses adages sentencieux, l’habit ne ferait pas le moine mais plutôt la bru.
Là où la robe de bure ne suffirait pas à caractériser l’homme de foi, la robe à fleurs (et à décolleté happant) serait suffisante pour faire son persil. Et l’on dirait dès lors de l’ainsi vêtue qu’elle cherche une belle-mère.
À l’anachorète il faudrait donc plus qu’un tissu pour montrer qu’il croit, pour la grisette c’est au contraire moins le textile la vêtirait qu’elle tiendrait correctement son rôle : tel est ce que sous-entend chercher une belle-mère.
Il nous faut rappeler ici que dans ces temps d’autrefois (honni soit qui mal y pense) il est en effet recommandé pour ne pas passer catherinette de s’habiller de façon à attirer le regard des hommes, la concupiscence étant alors un déclencheur du processus menant à l’autel¹.
Et pour promener comme le bœuf gras il est préférable qu’il y ait du monde au balcon et que cela se voie. Plus le message sera clairement donné par l’habit, plus on dira de la donzelle qu’elle cherche une belle-mère.
Quelle femme voudrait d’une deuxième belle-mère alors qu’elle en subit déjà une ?
L’expression montre combien la maman du prétendant va s’installer dans sa vie, régentant ses allées et venues, ses loisirs, ses fréquentations et ses génuflexions pendant que celui dont il n’est pas fait mention rendra visite au Président du Sénat ou s’attardera à son deuxième bureau, car c’est ainsi que s’ordonnent alors les choses de la vie (ordonnancement qui mènera à une forme d’insurrection morale et libératrice aux alentours des années 1970, mais ceci est une autre histoire).
Chercher une belle-mère peut aussi s’avérer une formule un tantinet critique sur la fluidité d’un drapé ou l’aérodynamisme d’une jupe trop bien fuselée lorsqu’elle est destinée à une femme ayant déjà convolé en justes noces.
Le caractère blâmant est évidemment porté par l’absurdité d’une telle quête : quelle femme voudrait d’une deuxième belle-mère alors qu’elle en subit déjà une ?
La loi du 15 novembre 1999 relative au pacte civil de solidarité établissant le partenariat contractuel entre deux personnes majeures sans implication d’une quelconque belle-mère va rendre surannée l’idée même de la chercher et donc de s’habiller pour le faire.
Chercher une belle-mère disparaît en surannéité sans qu’aucun des opposants ou partisans dudit PACS ne s’en préoccupe, les uns et les autres préférant brandir des arguments sur la déliquescence à venir de la société ou sur la nécessaire évolution d’un droit à partager logement, patrimoine et impôts en sus des fluides corporels.
Sans belle-mère à chercher la femme moderne porte ce qui lui plaît. Seule la mode l’oblige désormais².