[klòpêklòpâ] (nom et part. prés. MARCH.)
Comme vous l’avez à maintes reprises constaté, le suranné a l’art du descriptif et pour s’enorgueillir d’être compris de tous n’hésite pas à faire dans le direct (c’est par exemple Gros-Jean comme devant), dans l’imagé (c’est la maison poulaga) et parfois dans le redondant (c’est ce qui nous occupe aujourd’hui). Nom et participe présent, celui qui n’aura pas compris sera prié de retourner à ses études parce que là, clopin-clopant fait tout de même le maximum. Mais ne nous perdons pas en sarcasmes inutiles, il y a un sens à la répétition.C’est en l’écoutant chanté par les plus grands qu’on comprend bien pourquoi clopin doit s’appuyer sur son clopant pour avancer. C’est ce rythme à deux syllabes et la seconde qu’on attendait en rime mais qui s’échoue qui donne la claudication. Clopin-clopin serait guilleret et presque tressautant là où clopin-clopant est traînassant et nous fait entendre le temps qui dure un peu plus qu’attendu et le boitement qui va avec.
🎶 Et je m’en vais clopin-clopant 🎶
Dans le soleil et dans le vent
De temps en temps le cœur chancelle 🎶
Y’a des souv’nirs qui s’amoncellent
🎶 Et je m’en vais clopin-clopant
En promenant mon cœur d’enfant
Comme s’envole une hirondelle
La vie s’enfuit à tire-d’aile
Et ça fait mal aux cœurs d’enfants
Qui s’en vont seuls, clopin-clopant 🎶🎶
Clopin-clopant est un éclopé de la vie et sa démarche mal assurée nous dit qu’il a souffert pour marcher jusqu’à nous. Il en a évités des pièges et des chausse-trappes, il en a fait des kilomètres de détours pour échapper à la folie des uns, à la haine des autres. Il s’est tanné la peau, il a cheminé dans la nuit, il a bien dû dormir sous les étoiles aussi. Il a vu toutes les merveilles du monde, et m’a dit qu’elles étaient plus de sept; il sait que les jardins de Babylone ont existé.
Il continue à avancer clopin-clopant et ne vous avisez pas de lui proposer de s’asseoir, il ne sait que marcher. Je crois qu’il fuit. Je crois même qu’il se fuit.