[kòrnekyl] (adj. comp. OLÉ)
Bien avant que Guy Lux ne lâche les vachettes dans les arènes improvisées de villes en mal de notoriété désirant en découdre pour montrer que c’est-ici-qu’on-a-la-plus-grosse-et-pas-chez-les-pécores-d’en-face¹, les cornes embrochaient les séants des prétentieux ridicules s’imaginant plus virils qu’un toro de lidia, permettant ce faisant à la langue moqueuse de se doter de corne-cul.
Il ne fait en effet aucun doute que la provenance de corne-cul est celle d’une observation attentive du comportement taurin face aux sollicitations incessantes d’un pénible avorton : lassé, l’animal finira par titiller l’arrière-train du gênant avec sa protubérance effilée.
Le ridicule de la situation pour le triste instigateur de la colère bovine, pantalon déchiré et trou du cul à l’air, donnera corne-cul, raccourci dit « d’origine-destination » en langage savant.
Ainsi, de falzars lacérés en troufignons exposés au grand jour, corne-cul se créera une place singulière dans l’échelle du risible, quelque part entre abracadabrantesque et grotesque.
Le vaudevillesque n’étant pas en péril, il eût paru logique que corne-cul se maintienne en usage dans une époque moderne toujours prête à montrer son fondement à tous les passants ou à exalter la bravoure tauromachique massacreuse de ruminants. Mais…
Étonnamment corne-cul disparut des commentaires comme les trous du cul s’affairaient de plus en plus, partout où traîne un morceau de pouvoir. Une soudaine pudeur peut-être ? L’inconfort d’être pris fesses à l’air, poursuivi par la vindicte d’un taureau en colère ?
Plus encore, la reculade de corne-cul renforça les aficionados dans leur amour testostéroné des boucheries saluées en olé, preuve s’il en fallait que la disparition d’un mot dans les limbes surannés fait souvent des heureux.
Corne-cul ne se dit donc plus. Vive le roi Ubu !
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