[kɔsmos mil nœf sɑ̃ katʁə-vɛ̃-diz-nœf] (titre SCI.-FI.)
Si Star Trek est passée culte (donc pas surannée), si Star Wars est demeurée commerciale (donc pas surannée), si San Ku Kaï s’est enlisée en ringardise (donc pas surannée), si Goldorak cherche sa place, Cosmos 1999 a rejoint depuis longtemps les zones surannées de l’espace-temps. Ses 48 épisodes, son casting, ses effets spéciaux et sa musique lui auront conféré tout ce qui sied au désuet.
Il faut dire que Gerry Anderson et Sylvia Anderson, les deux créateurs de la série, avaient chargé la barque. Depuis « À la dérive » diffusé pour la première fois en 1975 jusqu’à « La Planète du diable » en 1978 en passant par « L’Enfant d’Alpha » (super flippant) et « Catacombes de la Lune » on avait eu notre quota de costumes grisâtres pattes d’eph’ moulant Lycra et de coiffures crantées sur cheveux gras, d’explosions feu d’artifices et de maquettes factices.
D’entrée de jeu Cosmos 1999 nous balançait un titre plus puissant que le 1984 de George Orwell car il te faut savoir ami lecteur que dans ces années surannées 1999 était une date mythique rimant très largement avec apocalypse.
Au-delà de 1999 c’était le Grand Chaos (et on ne savait même pas que viendrait le bug de l’an 2000 c’est vous dire…), et seuls les Aigles pourraient circuler dans le vide intersidéral et seule la base Alpha accueillerait encore un peu de vie humaine sur cette Lune à la dérive puisque ayant malencontreusement quitté son orbite suite à une explosion nucléaire (la routine pour la fin du XXᵉ siècle).
Mais en réalité on s’en foutait tellement 1999 était lointaine, on était dans les 70’s les amis !
Cosmos 1999 c’était un générique à la musique symphonico-disco passant des cuivres et des cordes du grand orchestre de je-ne-sais-où aux synthés façon Earth Wind and Fire qui donnaient envie de se déhancher comme sur la piste du Studio 54 (mais ceci est une autre histoire). Cosmos 1999 c’était encore un jeu d’acteurs façon tout-dans-le-regard avec froncements de sourcils et rides d’expression surjoués évidemment. Cosmos 1999 c’était aussi une typographie. Autant d’atouts pour s’assurer une place en surannéité.
Mais surtout, surtout, Cosmos 1999 c’était un petit parallélépipède doté de quelques boutons alignés par rang de trois et d’une excroissance rectiligne de cinq centimètres environ. Les mecs le portaient attaché à la ceinture ou le tenaient en main mais jamais au grand jamais l’outil ne les quittait. Suprématie visionnaire de la science-fiction : Cosmos 1999 avait imaginé l’iPhone et la plupart de ses fonctions. Certes il ressemblait plus à un Ericsson GA628 (l’écran ne trônait pas encore au sommet de la pyramide de la modernité) mais l’idée était là. Car le bidule servait à tout : ouverture de portes, messages à la base, Spoke à l’inter (ah non là je confonds), pilotage à distance, décapsuleur très certainement, etc. Ce truc me fascinait et il me tardait d’atteindre 1999 pour enfin en posséder un.
Le temps a passé. J’ai eu un Radiocom 2000, un Bi-bop, j’ai eu des GSM à ne plus savoir comment les perdre, j’ai eu tous les iPhones. La lune n’a pas dévié, je n’ai jamais foutu les pieds dans un vaisseau spatial. En revanche j’ai eu des coiffures à la con. Et un collant en Lycra pour faire du sport.
Des fois je me dis qu’on ne garde que le pire de nos rêves de futur.