[kòstym trwa pjès] (n. comp. MOD.)
Veston, pantalon et gilet constituent le costume trois pièces, complet masculin d’une seule et même étoffe qu’Édouard VII fut le premier à porter en 1855.
Après l’invention du football (Cambridge, 1848) et avant la création des voitures les plus fabuleuses, c’est là l’une des trois raisons d’apprécier la Perfide Albion¹.
Il est dès lors plus que certain que c’est le vieux fond de rancœur lié à la fourberie du contre-amiral Frederick Lewis Maitland à l’égard de Napoléon 1er, au sort réservé à Jeanne d’Arc ou à celui des prisonniers de la bataille d’Azincourt (1415), qui fit utiliser costume trois pièces – ou le plus familier costard trois pièces – comme synonyme de la partie visible de l’appareil reproducteur masculin.
La langue française ne pouvant tolérer que l’Anglois se pavane plus longtemps dans ce qui était de toute évidence une réussite chargea son obligée, la langue surannée, de faire un sort au costume trois pièces qui devint rapidement, arithmétique de base aidant, l’équivalent de Popaul et ses deux roubignoles.
Sans gilet, le simple costard veste et pantalon n’aurait pu créer que tailler un costard comme locution dandyesque, mais Édouard VII tenait beaucoup à cette pièce qui assoie le statut et pose son porteur en commandeur des belles apparences. C’est donc le chiffre trois qui fit pencher la balance vers l’expression graveleuse et chic à la fois.
Le temps que les tailleurs de Savile Row fassent connaître leur savoir-faire et la richesse qui va avec grâce à my tailor is rich (1929), le costume trois pièces désignait Totoche et ses deux assistantes, le Colosse pleureur et les olives, la Sainte Trinité du zizi-pan-pan.
Lorsque la désuétude de l’habit commença à entraîner avec elle celle de l’expression, l’on vit apparaître la légère déformation du service trois pièces qui permit de maintenir l’idée en vie tout en conservant l’esprit de nique fait aux Angliches, les trois pièces en question étant alors celle du service à thé.
Notons aussi l’existence du trois pièces cuisine, au genre immobilier marqué qui ne s’imposera pas.
En 2014, l’émergence du normcore – ou art de se vêtir n’importe comment avec n’importe quoi en veillant à l’absence d’harmonie et de cohérence – rendit totalement surannés le véritable costume trois pièces et son homologue viril.
Tout juste le sort-on désormais des boules à mites² lors de grandes occasions.