[kurir le ɡijdu] (loc. verb. GUEUS.)
L‘excitation épidermique volontaire s’accompagne généralement en langue française d’une incantation à l’hilarité dénommée guili-guili dont la possibilité d’une connotation libidineuse n’est jamais à exclure. Allons, allons, ne jouez pas les innocents.
Hatchepsout, reine d’Égypte, se faisait par exemple chatouiller par des eunuques et l’histoire non officielle colporte des pratiques similaires à la cour des tsars de la maison des Romanov (concernant a priori des tsarines plutôt coquines…).
C’est pourquoi nous affirmons haut et fort en ces lignes, n’hésitant pas au passage à égratigner les thèses convenues se contentant du verbe guiller synonyme de tromper, que guili-guili est lui aussi à l’origine de courir le guilledou.
Courir le guilledou ne provient pas uniquement de gildonia, vieille confrérie dans laquelle on faisait des festins qui pouvaient servir de prétexte à d’autres débauches, mais bel et bien de guili-guili parce que, comme chacun sait, quand ça commence avec guili-guili ça finit vite au lit¹.
Quand ça commence avec guili-guili ça finit vite au lit
Quoi qu’il en soit, courir le guilledou nous fait part, souriant et léger, de cette recherche de l’âme sœur qui anime ceux qui ont trop perdu de temps² à l’attendre sans qu’elle ne daigne se présenter sous d’autres traits que ceux peu avenants d’une mégère qu’ils auront épousée. Oui, courir le guilledou est a priori une expression masculine utilisant un article défini, masculin lui aussi, bien que le guilledou visé soit porteur de jupons.
Notez bien que ne court le guilledou que celui qui s’est déjà mis en ménage si l’on est un puriste du langage suranné, mais l’usage admet la cavalcade y compris pour celui qui n’aura pas encore convolé. Si l’on cherche synonyme on trouvera dans rendre visite au Président du Sénat tout ce qu’il convient de savoir.
En modernité, le guilledou a disparu et donc ne se court plus.
La seule course que peut désormais se permettre l’homme stressé est celle du dimanche matin; elle le fera tout aussi facilement succomber que ce désuet guilledou mais l’honneur sera sauf. Pas comme celui de ce pauvre Félix Faure, mort le 16 février 1899, non pas d’avoir trop travaillé dans son palais de l’Élysée mais plutôt d’avoir voulu courir le guilledou peut-être un peu trop vite…
Marguerite Steinheil, dite Meg, qui récolta après le décès de son présidentiel amant le surnom de pompe funèbre, nous vous laissons deviner pourquoi, fut sans doute la dernière guilledou connue et courue.
Elle emporta dans les limbes de son oubli londonien de demi-mondaine l’art du sport en chambre et une expression délicieuse.
Dommage (pour la langue).