[kran pa tè Sov] (inj. dir. COIFF.)
Nos ancêtres les Gaulois portaient la chevelure blonde et longue. D’une blondeur teinte à l’argile, à l’eau de chaux s’il le fallait, voire à la graisse de chèvre, et d’une longueur que seul le temps pouvait apporter (l’absence désormais prouvée de merlan chez qui aller se faire tondre tend cependant à rendre facile d’accès cette caractéristique).
En ceci résidait la force qui permit à la Gaule de résister à l’envahisseur comme nous le content les livres d’histoire sérieux¹.
Il est plus que probable que l’injonction crâne pas t’es chauve provienne d’une vieille insulte gauloise à l’égard de Jules César bien connu pour sa légère ondulation et boucles épaisses à la Jupiter.
Calvariam sis levis Julius Cæesar
Selon certains historiens elle serait prononcée par Vercingétorix lui-même, à Alésia en -52 : calvariam sis levis aurait jeté le chef Gaulois à la face de Julot.
Se transmettant oralement d’ater en gnatos (de père Gaulois en fils Gaulois), crâne pas t’es chauve traversa les siècles pour aboutir en la cour de l’école Jean Macé et autres lieux sous tutelle de l’Éducation Nationale accueillant la marmaille des années surannées.
Crâne pas t’es chauve y trouva un espace d’expression favorable, se classant nettement devant tu pues tu pètes tu prends ton cul pour une trompette généralement réservé au garde champêtre et tar’ ta gueule à la récré alors brillamment interprété par Alain Souchon. Ainsi, dès qu’un fier-à-bras d’un gabarit conséquent imposait son impérialisme contre lequel il s’avérait vain de lutter physiquement, crâne pas t’es chauve était à l’instar du chant des partisans de Joseph Kessel et Maurice Druon, la parole de la révolte. En moins martial, il va sans dire, mais il fallait tout de même du cran pour le sortir.
Crâne pas t’es chauve s’avéra un véritable oracle puisque les quelques primates terreurs du primaire, tout Gaulois qu’ils étaient, perdirent pour la plupart leur toison foisonnante pour laisser place à un crâne dégarni leur interdisant de crâner.
Si ce n’est une modernité validée par une victoire footballistique (en 1998) dont plusieurs tenants étaient lisses comme une boule de billard, crâne pas t’es chauve aurait pu demeurer bien vivace dans la cour de récré. Las, les Kojak en short l’envoyèrent bouler en surannéité.
En cas de désaccord, il s’échange désormais plus d’injonctions sur les mœurs supposées de sa génitrice que sur l’état capillaire d’un rodomont. C’est plus gaulois d’être moins Gaulois.