[dékalkòmani] (n. fem. TATOO.)
Dans l’univers ouvert du suranné il se dit à la cantonade que si Gotainer t’a chanté c’est que tu l’es.
Suranné, évidemment.
Or pour ce qui nous intrigue aujourd’hui le zozo aux verres épais l’a fait. Extrait :
🎼🎶Il n’est pas à c’qu’on dit
De docteur qui guérit
La mambo maladie
Du décalcomanie🎶
Elle m’a pris tout petiot
Dans l’eau du lavabo
La maladie mambo
La manie décalco
Mambo !🎶🎶
En 1982 débarquait donc en vinyle (pour les djeun’s c’est comme un fichier audio en MP3 ou WAV mais en plastique) une synthèse remarquable d’efficacité sur un phénomène générationnel qui permettait aux parents de l’époque d’envisager sereinement un après-midi pluvieux sur la dune du Pyla, rappelle-toi Barbara¹. Par mépris des loisirs enfantins jugés trop puérils et sans conséquence sur la marche du monde, les chercheurs avaient jusqu’alors refusé de se pencher sur la décalcomanie. Grossière erreur.
La maladie mambo (cf. ci-dessus) allait bientôt s’attaquer à l’électroménager (Et un Davy Crockett, À l’avant du frigo🎶), à la voiture (Et une panthère noire, Sur la lunette arrière🎶) et au corps humain (Mambo les roploplos, Des pin-up en maillot🎶).
Procédé de transposition sur une surface plane d’une image dessinée sur papier report, la décalcomanie fut imaginée au XIXᵉ siècle par le graveur français sur porcelaine Simon François Ravenet. Lithographie, chromolithographie et vitrauphanie plus tard (je passe sur les développements techniques toujours très fastidieux), on obtient une image en couleurs sur papier calque pouvant être apposée partout. Comme il pleut sur la dune du Pyla (cf. ci-dessus) on met ça entre les mains des enfants histoire de gagner un peu de temps et de calme, et c’est parti pour la folie.
Une double page cartonnée avec un paysage accompagne les décalcomanies. Elle est censée leur servir de support d’expression, permettant aux marmots de comprendre la perspective, le point de fuite, l’horizon, le premier et le second plan (car en ces temps surannés il faut toujours que les jeux soient éducatifs, une manie énervante) en y collant les décalcomanies de personnages, animaux, accessoires, etc. Pour ma part j’en place de-ci de-là sans tenir compte de ces principes subalternes et mes parents découvrent très tôt que je ne serai jamais architecte².
En revanche une carrière prometteuse semble poindre pour moi dans le tuning automobile : la voiture familiale s’enorgueillit de fauves, de flammes et autres chevaux au galop… qui feront l’objet d’une sévère admonestation tuant aussitôt dans l’œuf une vocation décoratrice. Je ne gagnerai jamais de concours de tuning sur un quelconque parking de grande surface un beau dimanche matin.
La décalcomanie succombe à l’irruption de ce maudit magnet au début des années 90. Fixé sur le réfrigérateur, là où tout commença pour la décalcomanie, le magnet semble moderne, propre, lavable, respectueux de son support. Grâce à son pouvoir d’attraction et de répulsion il efface bien vite la décalcomanie, empoussiérée en surannéité avec le 45T qui chuintait ses exploits. Une notion du beau qui disparaît c’est toujours un échec.
🎶🎶Elle est mambo la maladie
Elle est mambo la manie
Mambo mambo le décalco
Mambo mambo la décalcomanie🎶🎶
Le mambo du décalco, Richard Gotainer – Celmar Engel