[déSosé bèrtrâ] (loc. verb. BEURK.)
Les patins de parquet qu’auraient pu chanter Renaud s’il avait ajouté un vingt deuxième couplet à La Mère à Titi¹, ne sont pour rien dans l’expression ci-dessous que nous allons sortir de la naphtaline pour mieux la définir.S’il est probable qu’il faille se déchausser pour entrer chez la mère à Titi vu que ça a l’air bien rangé (sauf dans la chambre de son fils, évidemment), on devra le faire quel que soit son prénom. Micheline, la voisine, se déchaussera, tout comme Désiré, le facteur, et Renaud quand il vient voir son pote Titi, évidemment.
Or, en ces lignes, c’est seulement déchausser Bertrand qui va accaparer notre attention.
Et rien à voir avec des chaussures à enlever pour mettre des patins de feutre dans l’idée de déchausser Bertrand. La locution peu imagée fait nettement moins dans le soin du logis puisqu’elle est synonyme de faire la bamboche jusqu’à dégobiller. Jusqu’à en mettre partout. Et le vomi ça tache et ça salit. Rien à faire, donc, chez la mère à Titi.
Déchausser Bertrand est d’une grande étrangeté puisque rien ne semble justifier la stigmatisation des Bertrand quant à de supposés abus menant aux dégueulis. L’étude de la vie des trois saints, Bertrand de Cambrai, Bertrand de Comminges et Bertrand du Mans ne donne rien, aucun des trois ne semblant porté sur les agapes ou n’étant passé de vie à trépas étouffé dans son vomi tel le premier Jimi Hendrix venu.
Certains avancent un peu vite une thèse onomatopesque, prétendant que Bertrand et beuuuuuuurk se rapprochent : nous leur en laissons la responsabilité et ne signalons cette explication que par volonté d’exhaustivité.
Malgré ce mystère étymologique, la légèreté bien connue des années surannées permit à déchausser Bertrand de s’entendre d’autant plus souvent que le prénom y fut fort populaire².
L’abus d’alcool menant au vomissement devenu binge drinking au début d’années modernes portées sur l’anglicisme, déchausser Bertrand ne parvint pas à s’adapter en déchausser Bertie et devint donc suranné, rejoignant les patins en feutrine et toutes ces choses un peu honteuses des temps passés.