[dəmɛ̃ ʒɑ̃lɛv lə o] (expr. pop. PUB.)
Demain j’enlève le haut vous fait sourire ? Parce que vous y trouvez une référence « culturelle » ? Parce que surtout vous l’utilisez telle une maxime pour argumenter certaines de vos promesses ? C’est bon, vous êtes suranné(e).
Demain j’enlève le haut fut l’un des tout premiers effet teasing (comme on dit dans la pub) qui marqua véritablement le grand public. Et pour cause : il utilisa la ficelle non encore grossière (on est au début des années pub) dite « de la gonzesse à poil » (n’y voyez rien de vulgaire c’est un terme technique).
A la fin de l’été, comme nous rentrions tous dans nos pénates bronzés et heureux du mois d’août qui venait de passer avec ses barbecues et ses apéros prolongés, nous découvrions sur les murs de nos cités encore engourdies une jeune femme volontaire (les mains sur les hanches c’est volontaire), en bikini sur une plage (mais quoi de plus normal me direz-vous), nous annonçant haut et clair que demain elle allait enlever le haut¹.
Stupeur et séduction, le stupre et la luxure faisait irruption dans cette France désormais socialiste. Décidément tout foutait le camp, décidément ça partait bien ce nouveau règne (c’est selon, camarade choisis ton camp).
Et la bougresse tenait ses promesses. La voici qui quelques jours plus tard nous révélait qu’elle avait bronzé sans le haut et que, ma foi, ça lui allait plutôt bien. Il eut été trop simple de s’arrêter là.
Demain j’enlève le bas
Myriam, puisque c’est ainsi qu’entre deux soirées chez Régine’s les créatifs de l’agence de pub avaient décidé de la dénommer et ça tombait bien car c’était son vrai prénom, nous défiant d’un regard prometteur, promettait (donc) : demain j’enlève le bas.
Débat public, prises de position des pour et des contre, « cachez ce sein que je ne saurais voir », « à poil laineux », etc. Vous imaginerez le topo si vous ne l’avez pas vécu.
Éléments de contexte pour les plus jeunes : en 1980, pour voir une femme en petite tenue c’était les pages lingeries du catalogue de La Redoute ou les magazines spécialisés difficiles à se procurer. La femme totalement nue n’existait quant à elle que dans des cinémas aujourd’hui disparus dans lesquels d’anonymes ombres se glissaient la nuit venue. Oui, cette époque a existé, oui je l’ai connue (de loin bien entendu, ne me prêtez pas d’obscurs desseins).
Deux jours plus tard, Myriam nous montrait qu’elle avait du cran.
Et un joli dos.
On venait d’entrer dans la modernité. Aujourd’hui c’est suranné.
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