[dɔnɛ alwɔo] (marq. dép. BJÖR.)
Frêne blanc, petit tamis. Avec ça on peu vaincre à Roland Garros. Depuis 1934 d’ailleurs, date à laquelle le Belge Émile Couvin se lance dans la fabrication de sa première raquette, c’est ce bois dur et élastique issu de ces immenses arbres qui compose toute sa production, dont la désormais intronisée surannée Donnay Allwood.
La Donnay Allwoodn’est pas une raquette comme les autres. Comme depuis le début du XVIᵉ siècle l’on taille dans le frêne les raquettes du jeu de paume, on pourra facilement faire de la Donnay Allwood une descendante directe de ce sport français dont le terrain aura des conséquences sur l’histoire (mais ceci en est précisément une autre, d’histoire)¹. Et on aura raison.
Notons au passage que ce jeu de paume qui évoluera donc jusqu’à la Donnay Allwood, est l’un des fournisseurs d’expressions surannées les plus prolixes : épater la galerie, qui va à la chasse perd sa place, enfant de la balle, chassé-croisé², et autre bisque bisque rage…
Mais c’est pour de toutes autres raisons que la Donnay Allwood est aujourd’hui surannée. À peine celle de son manche sans fin et de son grip immense qui le recouvre aux trois quarts. Et encore moins son harmonie de noir et de nuances d’orange pourtant caractéristique des temps oubliés.
Si la Donnay Allwood trône dans les limbes brumeux de l’avant, c’est qu’elle fut la raquette de Björn Borg. L’homme au revers à deux mains qui remporta six tournois de Roland Garros³ et renvoya fabriquer des polos ceux qui se contentaient de jouer à la baballe, porta la Donnay Allwood comme le sceptre de son pouvoir absolu sur les courts… qu’il abandonna le jour où il en avait marre. Tout simplement. Une leçon.
Telle Excalibur avant elle, la Donnay Allwood ne put alors plus être soulevée par qui que ce soit et les anciens la cachèrent dans un endroit secret.
De viles matières modernes aux noms étranges obtenues à partir de produits bien peu naturels la recouvrirent d’oubli, les tamis s’agrandirent et les cogneurs remplacèrent les artistes. Certains scientifiques datent la disparition du tennis de la retraite de Björn Borg, d’autres prétendant que ce sport fut tout de même joué jusqu’à celle de John McEnroe. Peu importe.
En cherchant un vieux livre au grenier j’ai retrouvé un poster de Björn Borg. La Donnay Allwood ne doit pas être très loin.