[_dybo_, _dybɔ̃_, _dybɔnɛ_] (slog. ALCOO.)
Si l’apéro n’est jamais devenu suranné et demeure une tradition vive en notre belle et joyeuse contrée c’est surtout grâce à son contenu¹ qui évolue très régulièrement sous les coups de boutoir d’un marketing acéré et civil à la fois puisqu’il n’oublie jamais de nous rappeler que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. C’est sympa. C’est commercial mais c’est sympa.
Si l’apéro n’est jamais devenu suranné, donc, certaines de ses composantes ont en revanche filé en quenouilles. Dubo, dubon, Dubonnet en est, c’est évident, le chef de file.
Dubo, dubon, Dubonnet c’est un tel sens du rythme de la phrase, c’est une telle audace, une telle stratégie qu’il ne pouvait que terminer sa carrière au firmament des surannés.
Dubo, dubon, Dubonnet c’est un style unique, celui de Cassandre, maître parmi les maîtres à la patte graphique la plus surannée qui soit (souvenez-vous aussi d’Air France et de ses destinations d’Afrique et d’Orient, du paquebot Normandie…) et c’est aussi une audace technique (un plan média comme on dit aujourd’hui) sans commune mesure : mais oui, les tunnels du métro peints de Dubo, dubon, Dubonnet, ça vous revient ?
Et voilà, ami lecteur, tu pleures, je le sais. Tu essayes en vain de te remémorer le goût du doux breuvage, tu clapes du bec, tu salives, tu cherches aux tréfonds de ta mémoire; pourtant tu l’as bu ce vin de quinquina amer et épicé à la fois, et tout persuadé que tu étais de son pouvoir contre le paludisme² tu en as parfois un peu abusé… Saloperie de moustiques.
Va, cours, vole jusqu’au comptoir Félix Potin le plus proche ! Dubo, dubon, Dubonnet est là qui t’y attend. Trinquons, à la nôtre !