[ɑ̃ vwatyʁ simɔn] (exp. fém. AUTO.)
L‘expression délicieusement surannée du jour fait partie de cette catégorie dite « à deux bandes » parce qu’elle est doublement surannée. Son histoire vaut son pesant de cacahuètes, installez-vous confortablement et dégustez, c’est cadeau ça m’fait plaisir.
En voiture Simone est née au XXᵉ siècle, juste après guerre (époque surannée s’il en est) alors que les femmes débutent leur émancipation, bon nombre d’hommes ayant eu l’idée saugrenue de tomber au Chemin des Dames ou à Verdun. Parmi ces symboles du début d’autonomie féminine se trouve l’accession au permis de conduire. Une jeune demoiselle dénommée Simone Louise de Pinet de Borde des Forest s’entiche donc de l’idée de passer son permis alors qu’elle n’a que dix neuf ans la délurée ! Et voici donc qu’elle passe l’épreuve avec succès et mieux, qu’elle se met à pratiquer la course automobile et à gagner, se forgeant un solide palmarès qui ira jusqu’à susciter d’élogieuses remarques de Fangio himself. En trente ans d’exploits mécaniques elle s’installera dans l’esprit des Français, mêlant dans l’inconscient collectif le prénom de Simone et la voiture.
Nous en étions là de la postérité lorsque surgit le deuxième effet, la deuxième bande. Et il faut bien le dire, il arrive de nulle part.
Bien entendu vous vous souvenez d’Intervilles que nous avons déjà évoquée en ce noble dictionnaire pédagogique et intéressant des mots et expressions surannés. Et vous avez donc en mémoire les inénarrables dialogues de Guy Lux et Léon Zitrone moquant à qui mieux mieux la gentille speakrine Simone Garnier. Lorsque Lux balança une première fois en double hommage à la Simone pilote (la première, dont il avait pu admirer les exploits) et à la Simone speakrine un tonitruant en voiture Simone, l’effet bœuf était joué. Par la magie de la télévision (qui ne possédait que trois chaînes, dois-je vous le rappeler) en voiture Simone était devenue une expression populaire.
Elle devint surannée en suivant la courbe descendante de popularité du prénom sus-nommé alors que bien injustement la voiture devenait quant à elle de plus en plus moderne et aimée. Pour entrer dans la modernité il valait mieux être DS que Simone.
Le chercheur méticuleux que je suis tient ici à notifier que le contenu exhaustif de l’expression surannée est en voiture Simone, c’est moi qui conduis, c’est toi qui klaxonnes. Eh oui l’époque surannée n’accordait à la femme au volant qu’une place minime et ce malgré les exploits répétés de Simone Louise de Pinet de Borde des Forest.
Que grâce à cette modeste chronique son patronyme puisse être réhabilité et qu’elle sache si elle lit ces lignes que désormais nous savons que nous lui devons l’une des expressions surannées les plus efficaces en matière d’annonce du prochain départ.