[âvwajé a daS] (gr. verb. ZOUAV.)
Qu’on le nomme Lucifer, Satan, Huwawa, Seth, ou de mille autres façons, le diable, grand patron des anges déchus, est bel et bien partout (et pas que dans les détails).
L’une des déformations de son appellation, probablement due à un accent touffu ou à une prononciation à demi-voix histoire de ne pas l’invoquer des fois qu’il montrerait le bout de sa queue, donnera dache qui avec envoyer à dache traduira l’idée simple et efficace d’envoyer au diable celui auquel l’invitation est adressée.
Quand on envoie untel à dache on le prie donc d’aller au diable vauvert, voir ailleurs si on y est. C’est en tout cas ce que prétend une partie de l’académie des chercheurs en surannéité, toujours prête à gloser, concurrencée cependant par une thèse plus épique.
Envoyer à dache pourrait en effet provenir d’une toute autre origine que cette diablotine déformation, en l’occurrence du livre de Paul de Sémant, Merveilleuses aventures de Dache, perruquier des Zouaves, paru en 1911 chez Ernest Flammarion.
Enfant sauvé des flammes par le sergent Ventrebleu, le petit Jean Dache, fils d’un perruquier venu tenter sa chance en Algérie, rejoint ainsi le corps d’infanterie de l’Armée d’Afrique à l’âge de douze mois et onze jours. L’orphelin y trouvera une famille et un destin.
C’est le docteur du régiment, refusant les excuses d’un carottier qui voulait se faire porter pâle, qui sera le premier à envoyer à Dache, lui enjoignant d’aller plutôt raconter ses sornettes à l’enfant innocent.
« Tu vois mon garçon, on peut aller raconter ces histoires à Dache, le perruquier des Zouaves, mais mettre le docteur Bistour là-dedans c’est plus difficile ».
Celui qui finira avec une jambe de bois nommée Jacqueline et un œil crevé lors d’un duel au sabre, venait de donner vie grâce à sa simple et naïve présence, à une expression qui enverrait péter plus d’un pékin.
Les exploits des Zouaves dans toutes les guerres de tous les continents colporteront envoyer à Dache, marque de refus cachant donc sous le nom d’un enfant coquebin un sévère blackboulage en règle.
L’origine mystique et l’origine militaire se côtoieront ainsi au cours des années sans que les sachants ne puissent les départager, la langue surannée n’en ayant pas grand chose à faire puisque le diable et la mitraille se rejoignent sur le sens : envoyer se faire empapaouter.
La fin de la conscription obligatoire qui permettait à des adjudants usés d’enseigner la langue surannée à des hordes de troufions, sonnera la retraite pour envoyer à Dache. Le moderne civil qui précisément l’est assez peu, civil, préfère envoyer se faire foutre. Il trouve cela plus clair et sans ambiguïté.
Comme si envoyer à dache en laissait planer une…