"Avoir fait la cantoche" dans son enfance scolaire c'est souvent avoir envoyé la purée...
[âvwajé la pyré] (gr. verb MOUSSEL.)
Tous les fanfarons et anciens garnements revendiquent haut et fort leurs faits d’armes cantiniers et, comme des vétérans des véritables champs de bataille, tous vous parleront avec des trémolos dans la voix de cette fois épique où ils ont envoyé la purée.
C’est en effet le sens propre (bien que l’adjectif soit malheureux ici si l’on en croit les jérémiades maternelles en contemplant l’état de mes habits après le combat – il paraît que le mélange purée-ketchup-Petit Suisse tache…), c’est donc en effet le sens propre de l’expression qui prévaut face à celui figuré auquel votre esprit mal tourné vous a immédiatement fait penser.
Envoyer la purée consiste tout simplement à envoyer de la purée à l’aide d’une catapulte de fortune, généralement une cuillère à soupe, de préférence en direction du chouchou de la maîtresse ou du rapporteur de Paris-mets-ta-couche-et-va-au-lit (qui est parfois le même)¹.
L’exercice n’est pas simple car il nécessite une véritable adresse en plus d’une purée compacte. Et puis un vrai sens du défi, puisqu’on le sait, la bataille se soldera par une sévère punition. Mais il est des questions d’honneur qui ne peuvent se régler autrement qu’en envoyant la purée, c’est ainsi.
« Soumettre l’ennemi par la force n’est pas le summum de l’art de la guerre, le summum de cet art est de soumettre l’ennemi sans envoyer la purée. »
Sun Tzu
Le flou qui règne autour de la mère des batailles et qui oppose encore les historiens (fut-elle celle de l’école élémentaire Jean Macé ou celle de l’école Aristide Briand ?) ne permet pas de dater précisément la naissance de l’expression, ce qui navre bien entendu le caractère rigoureux de cette encyclopédie.
Il est cependant probable qu’elle se situe après 1870, date à laquelle Louise Michel crée une cantine au sein de l’externat qu’elle a fondé, voire après la promulgation de la loi Ferry du 28 mars 1882 rendant l’instruction obligatoire et gratuite jusqu’à treize ans, les cantines scolaires fleurissant dans la foulée.
Envoyer la purée connaîtra une brillante carrière puisque la locution sera utilisée dès qu’il s’agira de faire feu, de tirer, de faire le coup de poing ou même de mettre la puissance maximale dans une action.
Elle tombera en désuétude à l’aube du New Age, peu enclin à mettre le coup de rein nécessaire pour envoyer la purée.