Établissements [etablismɑ̃]

[etablismɑ̃] (n.m. JURID.)
Établissements.

Et là je vous sens circonspects.

Oh oui je l’entends la cohorte des modernes bien-pensants, je les connais ces empêcheurs de suranner en rond, ces chevaliers du jeunisme parlé, ces pourfendeurs du dictionnaire piqouzés au Wikipédisme : « Établissements n’est pas suranné, cet homme est fou, c’est un scandale ! Non au surannéisme ! Démission ! Autodafé ! ». Oui, je les connais bien. Et je vais ici leur répondre.

Je vous l’affirme établissements est suranné bien comme il faut. Établissements Bernard&fils, Établissements Fourcade&Cie, Établissements de la Victoire, Établissements des Magasins Réunis… Alors, c’est pas du suranné ça ? Eh oui les p’tits gars, avant de la ramener on réfléchit. On repense à ces lettres peintes avec application dans une typographie aux déliés subtils, là-haut au dessus du portail imposant, on se remémore la camionnette Citroën et sa bâche marquée du même sceau, et ce papier à lettres aujourd’hui jauni qui en donnait l’adresse et le téléphone en quatre chiffres. Eh oui, établissements c’est ce condensé de suranné que l’on croise parfois au détour d’un bourg de province ou d’une façade délabrée d’une banlieue redécouverte. Et je n’insiste même pas sur cette joliesse plurielle du « s » qui vient finir la chose. Établissements c’est une époque mon bon Monsieur.

Tiens, j’entends un téléphone qui grelotte…

“Allô… Garage Gaudin j’écoute.
Euh… Oui, bonjour M’sieur…
… Ah, j’sais pas si elle est prête… … Elle est d’quelle couleur déjà ?
Attendez, quittez pas, j’vais demander au chef d’atelier…
… Euh, c’est comment votre nom, déjà ?
Quittez pas…
– Raymond !!! Elle est prête la 405 noire du père Fradet ???”

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