[ètre SiSipôpô] (loc. snob. OH !)
Si les manières sont louées dans les temps surannés lorsqu’elles s’avèrent bonnes, elles peuvent aussi se retrouver gaussées quand elles sont faites.
Minauder à l’excès, chasser le naturel au profit d’un galop compliqué, faire des manières en résumé, trouve dans être chichi-pompon une expression à la hauteur des circonvolutions qu’elle désigne.
Avec être chichi-pompon on est loin du raffinement traînant des chichis sophistiqués d’une grande horizontale se faisant désirer par un naïf nicaise, à la fois pour cause de chichi singulier et de pompon comme cerise sur un gâteau ridicule.
Il s’avère en effet que la touffe ébouriffée de fils – furent-ils de soie – est un paroxysme de goût douteux qui n’en finit pas de faire d’être chichi-pompon un comble de snobisme vulgaire et prétentieux, un peu à la manière d’un décorum pompeux de palais de potentat¹.
Ainsi être chichi-pompon peut-il s’appliquer à l’afféterie de la première Marie-Chantal² venue, à la mise en scène sans fard d’une affectation surjouée, ou à quelque affirmation pédante posée sur le ton que la décence qualifie de faire une tête de monsieur-votre-bite-a-un-goût.
Mais que votre petite bicoque sans prétention est chaaarmante
Être chichi-pompon est aussi une question de modulation vocale. L’adéquate demande de laisser tomber la mâchoire inférieure et de très peu mouvoir la langue pour prononcer les mots, un exploit s’il en est puisqu’être chichi-pompon exige dans le même temps une théâtralité déclamatoire. L’exercice n’est pas simple; s’offusquer de moins que rien requiert des années de pratique, ce pourquoi seul l’adulte expérimenté peut être chichi-pompon.
Notons que l’on peut aussi être chichi-pompon en affectant un enthousiasme débordant pour une broutille, même si cela est rare (ex. : « mais que votre petite bicoque sans prétention est charmante »).
La gouaille plébéienne se fera porteuse d’être chichi-pompon tant que le chapitre lui accordera voix (les historiens sont en désaccord sur la date exacte de fin de cette période), soit un bail.
Parmi les derniers usages d’être chichi-pompon connus l’on trouve les apparitions de Fulbert Anselme du Snob, résident de l’Île aux Enfants et président de la Fête dudit lieu, permettant ainsi d’assurer que jusqu’au 30 juin 1982³ l’expression était toujours en vie.
Elle disparaîtra quelques années plus tard alors que le moderne bling-bling se mettra à régner à grand renfort d’artifices et de poses figées dans les flux électroniques de réseaux de sociabilité, mais ceci est une autre histoire.