[ètre kòm le Sjê dy Zardinjé] (loc. verb. WAF.)
Il était une fois un jardinier et son chien. Ainsi débute cette définition car elle doit son existence à un conte qui nous narrait leurs aventures lors des veillées au coin du feu. Peu importe que cela soit réel ou non, toujours est-il que les deux comparses nous ont légué une bien belle expression.
Un jardinier, donc, avait dressé son chien à la garde de ses plantations et plus particulièrement de ses choux. Le canin ne laissait personne s’approcher sauf contre-ordre de son maître peu partageur qui n’entendait pas offrir ses récoltes. Le bonhomme mourut, laissant le cabot seul continuer à faire la sentinelle. Malgré le maraîcher devenu macchabée, personne ne profita jamais des légumes et des choux, pas même le coriace corniaud qui n’aimait que la viande mais montrait les dents à quiconque approchait.
C’est depuis ce temps là qu’être comme le chien du jardinier signifie paroxysme de l’égoïsme, comble de la radinerie, avarice jusque dans l’au-delà. Être comme le chien du jardinier nous montre aussi que c’est le donneur d’ordre qui est le plus abject, bien plus encore que le zélé exécutant, surtout quand c’est un chien. Car soyons sûrs que le toutou ne mordrait personne pour des choux s’il n’était dressé pour cela.
Cet animal à truffe humide qui ne demande qu’à aimer l’homme, à lui lécher les paluches ou à courir chercher le bâton lancé bien loin, ne connaît nulle mesquinerie dans ses élans et n’a d’autre ambition que la fidélité (en sus du reniflement du fondement de ses semblables, un atavisme parfois gênant). Laissé sans entraves il n’aurait eu que faire de ses carottes et de ses choux et être comme le chien du jardinier eut signifié creuser des trous dans le jardin ou bien pisser sur les tomates, bref l’activité canine traditionnelle du cabot de service.
Remercions donc l’hydroponie, culture intensive et hors-sol grâce à laquelle les racines des plantes ne touchent plus la terre. Oui, remercions cette idée qui nous produit des tomates sans goût et des carottes pâlottes, des salades sans saveur et des fraises insipides, le tout sans maraîcher et bien évidemment sans chien : grâce à elle une expression indue a filé surannée, et c’est tant mieux.
Le prix est un peu lourd à payer, vous trouvez ? Il ne fallait pas accuser le chien, c’était le jardinier qui était le radin.