[ètre de la kuj de lu] (loc. verb. TESTICU.)
Bien qu’issu de la toujours compliquée à prononcer (et à écrire) famille des renonculacées, l’hellébore avait tout pour plaire : des vertus médicinales, un nom qui en impose, des pétales d’ampleur, et même un jour attribué dans le calendrier républicain (le onzième de pluviôse).
Mieux encore, les anciens le croyait capable de guérir la folie et la mélancolie (nous vous déconseillons cependant la décoction de rose de Noël réalisée à la maison pour vérifier cela, les anciens racontaient aussi beaucoup de bêtises en matière de pharmacopée, vous allez vous en apercevoir en lisant ci-dessous).
Quoi qu’il en soit, rien ne prédisposait l’hellébore à s’appeler aussi couille de loup puis à terminer en l’expression être de la couille de loup pour signifier être d’une crédibilité douteuse.
C’est donc plus vraisemblablement du côté du canis lupus et plus précisément de son système testiculaire qu’il faut fouiner pour trouver l’origine d’être de la couille de loup. Ce qui ne sera pas facile car l’animal aurait une fâcheuse tendance à écharper l’humain (notamment dans sa version garou) si l’on en croit la légende. De là à aller lui tripoter les roubignoles il y a un pas que nous allons cependant franchir, en chercheurs responsables que nous sommes, la vérité sur être de la couille de loup ne pouvant rester secrète pour une simple question d’animosité animale supposée.
Selon Pline l’Ancien, l’excrément de loup appliqué en friction est excellent pour la vue et une dent de loup attachée au cou d’un cheval le rend infatigable à la course. Les trente sept volumes de l’Histoire naturelle contiennent encore deux ou trois onguents à mitonner à base de foie de loup ou de peau mais rien de précis sur ses roustons.
On s’approche un peu plus de la vérité en lisant le Petit Albert, grimoire de magie du XVIIᵉ qui nous apprend avec sa recette pour « nouer l’aiguillette », que l’appareil reproducteur du canidé pourra être utilisé pour rendre impuissant celui dont on aura prononcé le nom devant sa porte et qui aura répondu (à condition de nouer sur le champ la zigounette fraîchement coupée avec du fil blanc).
Toujours selon ce même manuscrit (véritable ancêtre de l’Almanach Vermot), la couille de loup réduite en poudre avec des poils de ses yeux et quelques autres de sa barbe rendent la femme fidèle pour peu qu’elle ait absorbé un peu de cette mixture magique.
Il est probable qu’être de la couille de loup soit tout simplement la résultante de toutes ces formules fantasques à base de loup gris ou de loup-garou, aucun témoignage sérieux ne venant attester l’efficacité des bidouillages promus par Pline, Albert, ou leur consœur en élucubrations Hildegarde de Bingen qui entendait soigner la goutte à la graisse de loup.
Être de la couille de loup disparaît du paysage linguistique comme l’animal disparaît du paysage des campagnes. Pour dire qu’il ne croit pas à une rumeur ou un bobard, le moderne n’use plus d’être de la couille de loup de peur de passer pour un rustre. C’est un tort qui lui joue parfois des tours puisqu’il gobe ainsi le moindre mensonge (mais ceci est une autre histoire).
La couille de loup avait au moins pour vertu oratoire d’éloigner le bonisseur, ça c’est certain.