[ètre dy katòrzjèm bénédisité] (loc. histor. CON.)
Nabuchodonosor II, roi de l’empire néo-babylonien (dixième dynastie), plutôt soupe au lait de caractère, fit balancer Ananias, Azarias et Misaël¹ dans une fournaise pour avoir refusé de se prosterner devant une statue d’or haute de soixante coudées et large de six coudées, lors de son inauguration dans la plaine de Doura.Là, les trois jeunes gens psalmodièrent le cantique qui porte leur nom² et sortirent frais comme des gardons du brasier, convertissant au passage le sanguinaire Nabuchodonosor à leur dieu (et non à la picole en donnant son nom à une immense bouteille équivalent à vingt bouteilles de 75 cl comme certains voudraient bien le faire croire).
C’est de leur quatorzième verset récité pendant l’épreuve, benedicite omnes bestiæ et pecora domino, qu’il est question dans l’expression être du quatorzième bénédicité.
Notons cet élément à la logique limpide (14=14) car il est le seul qui vaille en cette étude : en défiant la raison et toute velléité d’explication, être du quatorzième bénédicité va en effet signifier être le dernier des idiots pour la langue surannée.
La relation entre la bêtise profonde et les aventures de trois jeunes hommes échappant au feu s’avérant plus impénétrable que les voies de celui les ayant sortis du pétrin, être du quatorzième bénédicité fera son petit bonhomme de chemin sans jamais préciser son étrange construction.
Si le phénomène n’est pas unique dans l’histoire du langage, il démontre tout de même que l’expression n’a pas nécessairement besoin d’une étymologie pour rencontrer le succès, car tel sera bien la destinée d’être du quatorzième bénédicité.
Elle se vera évidemment favorisée par le nombre important de représentants du quatorzième bénédicité mais ceci n’explique pas tout.
Autant être con comme un balai est simple à justifier ou être bête comme ses pieds aisée à définir, autant être du quatorzième bénédicité est nimbée de mystère.
Certains savants avanceront une mauvaise compréhension du bestiæ de benedicite omnes bestiæ, compris comme imbécile, et d’un enchaînement malheureux de circonstances qui amèneront être du quatorzième bénédicité à signifier la bêtise. Leur tentative est louable mais nous ne la poserons pas ici comme une certitude.
Il nous faut l’admettre : être du quatorzième bénédicité remonte à si loin dans l’histoire qu’il est impossible d’en déterminer l’exacte raison d’être. Il est même étonnant que l’expression soit devenue surannée tant le nombre de crétins semble toujours élevé en contemporanéité.
Mais ceci est une autre histoire.