[ètre dyn diskrésjô de vjòlèt] (loc. verb. FLOW. POW.)
La langue surannée est toujours présente lorsqu’il s’agit de donner dans l’outrance (et parfois dans l’outrage).
Par exemple, les pages de cet ô combien modeste dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes (des centaines de définitions rigoureuses en bidules, littératures, sciences, langues, arts, sports, pensées & élégances à l’intérieur) regorgent d’intempérances et d’emphases prêtes à décrire les emportements de l’âme et de l’humeur.
Mais cette même langue immodérée sait aussi se faire douce voire langoureuse. On dira alors d’elle qu’elle est d’une discrétion de violette pour juger de sa propension à la modestie et la timidité.
Être d’une discrétion de violette ne s’applique pas uniquement à la discrétion de la langue elle-même, bien entendu. Un banquier Luxembourgeois est d’une discrétion de violette, tout comme un proctologue, un curé confesseur, un porteur de chaussures à semelles crêpes sont tous d’une discrétion de violette. On ne saurait que trop les en remercier.
Cachant sa parure parme zygomorphe à cinq pétales sous les feuilles de la prairie, la violette dont la modération est mise en exergue dans être d’une discrétion de violette, est une fleur dont on fait les bonbons de grands-mères, les premiers bouquets offerts à une amoureuse blondinette, les fragrances fruitées et poudrées, et toutes ces petites douceurs qui font l’inoubliable d’un silence, la magie d’un regard, l’envoûtement d’un parfum.
Être d’une discrétion de violette est aussi brillamment incarné par la ville de Tourrettes-sur-Loup, capitale française de la violette qui a posé ses remparts à quelques encablures d’un riviera nettement moins pudique (ce qui n’est pas pour autant un défaut mais juste une autre histoire comme celle de ces délicieuses starlettes festivalières par exemple sur laquelle il nous faudra bien revenir un jour); en effet, nul n’a jamais réellement entendu parler de Tourrettes-sur-Loup quand de Ramatuelle à Monaco il n’est pas un ostensible qui s’ignore.
C’est la presse¹ dite people, rendant compte des agapes estivales ou princières sises entre les deux cités citées ci-dessus, qui enverra être d’une discrétion de violette faner en surannéité.
Portant l’ostentatoire en étendard et louangeant l’indiscrétion, cette forme moderne du journalisme effeuillera la dernière violette discrète, révélant au passage que sous son parme se cachait en réalité un tempérament de feu, ce que savait depuis longtemps les observateurs avisés des herbes de la Trinité. Mais ceci est une autre histoire².