[ètr éSapé dû vaz de Sin] (loc. chin. CON.)
Bien que pétrie depuis des centaines d’années, c’est sous la dynastie Han que la porcelaine chinoise sophistique ses techniques et décors que Tang, Song et autres Ming vont parfaire jusqu’à l’âge d’or du blanc de Chine.
Une maîtrise de l’argile blanche (dite blanc du gros cochon) qui va à la fois donner des vases à briser lors de scènes de ménage coûteuses quelques siècles plus tard et une expression marquant la stupidité de celui à qui elle est adressée : être échappé d’un vase de Chine.
Un paradoxe bien difficile à expliquer pour le chercheur ou le potier. Rien ne prédispose en effet l’abruti à passer pour s’être extrait d’une représentation d’un dragon flamboyant ou d’une fleur de lotus.
Et pourtant on peut affirmer sans risque qu’être échappé d’un vase de Chine caractérise le couillon dès l’instant où Marco Polo relate aux Européens ébahis ses aventures dans le Céleste Empire.
Il est certain que le manuscrit original du Devisement du monde (ou Le livre des Merveilles) que le grand voyageur dicta alors qu’il était emprisonné à Gênes contenait l’explication exacte sur la raison d’être de l’expression, mais les nombreux copistes qui traduisirent ensuite l’ouvrage dans leur langue rencontrèrent certainement des difficultés avec être échappé d’un vase de Chine et firent l’impasse sur ces lignes, ne colportant que le sens se moquant du bêta sans en donner l’origine.
Le succès du récit fit d’être échappé d’un vase de Chine l’une des adresses les plus populaires à l’attention des mous du bulbe pendant près de sept cents ans, même si de très nombreuses locutions synonymes tirèrent elles aussi leur épingle du jeu.
La mise en retrait du langage quotidien d’être échappé d’un vase de Chine fut l’une des conditions posées par Mao lui-même lors du dialogue diplomatique en vue de l’établissement de relations lancé à l’initiative du Général de Gaulle en janvier 1964. De nombreux cadres du Parti Communiste Chinois ayant étudié en France¹, la tournure était connue en République Populaire de Chine et considérée comme dégradante.
Malgré le goût du Général pour les formules au langage enrichi², le réalisme politique l’emporta et condamna être échappé d’un vase de Chine à l’exil en surannéité.
Rien ne fut cependant concédé sur le lancer du vase de Chine en cas de querelle conjugale.