[ètre fobur sêtZèrmê] (gr. verb. 7e ARDT.)
École militaire, Invalides, Quai d’Orsay. Grosso modo voici le Faubourg Saint-Germain marqué en son centre par le boulevard Saint-Germain voulu par le baron Haussmann. Le septième arrondissement parisien, au chic plus jésuitique que le sélect seizième accueillant les vieilles et les modernes fortunes. Pas de ça au Faubourg Saint-Germain où l’on peut être parfois sans le sous, certes, mais où l’on est Faubourg Saint-Germain, toujours.
Être Faubourg Saint-Germain ne signifie pas obligatoirement que l’on réside dans ce quartier ministériel où le prix de l’immobilier frôle l’indécence à chaque mètre carré, mais plutôt qu’on en a les manières, façon Nadine de Rotschild, et la subtile discrétion bien loin du parvenu bling-bling qui fait ronfler les signes extérieurs de son opulence et s’assure que chacun les a vus.
Quand on est Faubourg Saint-Germain, nul besoin d’afficher ses ors, ses réussites, ses relations très haut placées : tout ça est bien vulgaire. Quand on est Faubourg Saint-Germain on s’habille de velours le week-end, on a les cheveux au vent comme on descend le boulevard vers le Flore un exemplaire de la NRF à la main, tel le cocodès de service, bref on est un peu au-dessus de « tout ça »…
Vu le nombre de thèses brillantes sur Paris capitale de la sociabilité, ses salons¹ et ses grandes horizontales, sa dimension sociale indissociable de sa géographie, nous n’envisagerons pas en cette définition de vous assommer un peu plus avec ces causeries.
Il est néanmoins un ouvrage qui donne à lire un personnage essentiel à être Faubourg Saint-Germain. Le cas échéant, replongez-vous dans La Recherche et les aventures d’Oriane de Guermantes, quintessence d’être Faubourg Saint-Germain puisqu’il vous faut un synonyme. La duchesse habitait Faubourg Saint-Honoré sur la vile rive droite, mais avec sa personnalité, son esprit moqueur, son indépendance, elle est Faubourg Saint-Germain jusqu’au bout de ses ongles soignés.
En 1984 Un amour de Swann est porté à l’écran avec la lumineuse Fanny Ardant en duchesse de Guermantes. Un instant on croit que l’expression va survivre avec ce stratagème puisque le moderne préfère l’image à la lecture. Las, cette même année c’est Marche à l’ombre qui est numéro 1 au box-office. En se marrant sur les aventures de Michel Blanc, looser attachant qui foire tout ce qu’il entreprend, et en découvrant la plastique idéale de Sophie Duez, la modernité oublie tranquillement être Faubourg Saint-Germain.
Il y a des façons plus moches d’être poussé au suranné… Sophie Duez…
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