[ètre môté kòm ûn- an] (loc. anim. ZOO.)
Certes la grammaire française est souvent pénible et faire bon usage sans le moindre faux pas des conjonctions, prépositions, adverbes et autres coordinations à la mais ou et donc or ni car relève de l’exploit.
Il est cependant quelques rares cas dans lesquels il est avisé de ne pas se tromper.
Par exemple s’il vous prend l’envie de briller dans un dîner en ville et de conter vos exploits cavaleresques si authentiques lors d’un séjour en Poitou, il sera préférable de vous remémorer cette leçon de CM2 sur les prépositions que votre vieux barbacole faisait réciter à voix haute à la classe : « La préposition est un petit mot invariable qui sert à introduire un complément qu’elle relie au mot complété ».
Trop occupé à reluquer la blondinette à couettes du premier rang ou à compter vos troupes pour la prochaine bataille de purée à la cantine, vous n’attachiez guère d’importance à ce « sur », n’hésitant pas à le confondre – va savoir pourquoi – avec la conjonction de comparaison « comme ».
En claironnant à un auditoire tout ouïe que lors de ce petit véquande vous étiez monté comme un âne (en lieu et place d’être monté sur un âne, évidemment) vous venez de comprendre mais un peu tard, le coup du petit mot invariable qui sert à introduire un complément.
Car être monté sur un âne n’a rien à voir avec être monté comme un âne. Si ce n’est le baudet qui fait l’objet de la comparaison ou du complément.
Être monté comme un âne fait partie de cette liste d’expressions dite des « zoomorphismes morphologiques¹ » dans laquelle le fier-à-bras (l’emploi du membre supérieur est ici une pudeur) puise aisément pour jauger Popaul. Et le vantard des temps surannés qui s’est vu dominer le monde pour quelques centimètres a cru bon de faire appel aux mensurations du bourricot pour imager ses atouts, observateur qu’il était.
Être monté comme un âne possède comme qualité celle de ne pas noyer le poisson. Le message est compris par quiconque a fréquenté la campagne ou s’est a minima rendu au Salon de l’agriculture². Avec un ratio de un pour cinq par rapport à sa taille au garrot, l’âne est mieux doté que l’homme. D’où la stupéfaction, l’étonnement (ou pourquoi pas la jalousie, mais ceci est alors une autre histoire) qui pourra saisir les convives après cette intervention entre la poire et le fromage.
Bien heureusement la noble censure moderne (celle-là même qui cache L’Origine du monde dans ses media électroniques) va envoyer être monté comme un âne en surannéité, ne réglant pas pour autant la question métaphysique de celui qui a le plus gros quiqui.
Une préoccupation que la mercatique jugera quant à elle fort opportune, proposant aux inquiets cachets et étirements pour enlarge your penis, formule sans subtilité qui a remplacé la désuète être monté comme un âne.