[ètre dâ sé peti suljé] (loc. verb. CENDR.)
Rigidité de la semelle et découverte de la cheville caractérisent le soulier chaussant le pied.
Se trouvant crottés, vernis ou de vair (cette fourrure d’écureuil gris qui permit à Cendrillon de se faire remarquer par le Prince¹, vous connaissez la suite…), les souliers doivent comme toute basket, tong ou escarpin, respecter la pointure du chaussé, exprimée en point de Paris².
Ainsi qui a un pied de vingt-six centimètres de long chaussera du 40. S’il se met dans du 38, on pourra dire alors qu’il est dans ses petits souliers. La douleur et la gêne ressenties dans ce genre de situation sont évidemment à l’origine de la création d’être dans ses petits souliers.
Cendrillon au bal n’était pas dans ses petits souliers puisqu’elle en perdit un vraisemblablement trop grand (selon la légende elle chaussait du 36 fillette), mais elle était dans ses petits souliers lorsqu’elle croisât à nouveau le beau Prince alors qu’elle allait pieds nus.
Et s’il fallait un autre exemple, souvenez-vous de ce Petit Poucet, qui par définition porte de petits souliers, et qui se trouve fort ragaillardi lorsqu’il subtilise ses bottes de sept lieues à l’ogre dévoreur d’enfants qui, à son tour orteils à l’air, se retrouve dans ses petits souliers.
Là est un bien joli paradoxe de la langue surannée qui fait que celui qui se présente aussi démuni qu’un va-nu-pieds est souvent dans ses petits souliers…
Bien entendu être dans ses petits souliers suppose que celui qui y est, soit en mesure de noter qu’il a mal osé. Une capacité qui s’évapore avec l’entrée en modernité, époque à laquelle on ose désormais tout³ sans se sentir gêné. En conséquence de quoi être dans ses petits souliers n’a plus rien à y faire et peut devenir surannée.
Sans compter qu’avec la disparition des souliers de toutes pointures, les sneakers se portent paraît-il avec un complet-veston (mais ceci est une autre histoire).